Archives mensuelles : mai 2025

Bruce Springsteen & The E Street Band – Lille, 24 et 27 mai 2025

Que dire encore qui n’ait pas déjà été écrit sur ces deux soirées formidables offertes par le Boss à Lille ?

Un concert de Bruce Springsteen, ce n’est jamais “juste” un concert. C’est une claque, une onde de choc, un moment suspendu que l’on n’oublie jamais.

Mais là où Springsteen frappe particulièrement fort sur cette nouvelle tournée, baptisée The Land of Hope & Dreams Tour (lancée à Manchester le 14 mai), c’est par son engagement politique.
Un bras de fer clair et assumé avec le président américain et son gouvernement.

Bien sûr, les classiques sont au rendez-vous – “The River”, “Hungry Heart”, “Born to Run”, “Dancing in the Dark” – mais ce sont les prises de parole entre les titres qui marquent les esprits.
Bruce y dénonce les dérives inquiétantes aux États-Unis : les déportations, l’anéantissement des universités, le musellement de la liberté d’expression.

Peu d’artistes de son calibre osent aujourd’hui affirmer aussi clairement que la démocratie est en danger.
Et pourtant, lui signe. Lui s’investit. Dans la droite ligne de ses modèles : Woody Guthrie et Pete Seeger.

Alors qu’on croyait le rock trop institutionnalisé pour encore porter des messages forts, Springsteen prouve que l’espoir, la lutte et l’humanité ont toujours leur place sur scène.
Et ce, malgré les menaces et insultes qu’il reçoit.

Certes, il court un peu moins qu’avant, se rend moins souvent au contact direct du public.
Mais sur scène, pendant près de 2h50, il reste une bête de scène inégalée, capable de nous toucher en plein cœur, au plus profond de ce que nous sommes.

Merci Bruce.
Keep on rockin’.

(Photos par votre serviteur ainsi que par Cédric Janssens)

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Haendel & Hendrix: deux génies, deux siècles, une même adresse

Haendel & Hendrix : deux génies, deux siècles, une même adresse

📍 Mayfair, Londres – 23 & 25 Brook Street Handel Hendrix House

Quelle émotion lorsque l’on se rend dans ce bâtiment historique et que l’on grimpe des escaliers de plus de trois siècles pour découvrir l’habitat du grand compositeur George Frideric Haendel. Plafonds bas, boiseries anciennes, silence baroque… tout respire le XVIIIe siècle.

Mais vous vous en doutez : c’est l’aspect Jimi Hendrix qui m’a attiré au 23 et au 25 Brook Street, dans cette belle demeure du quartier de Mayfair, au cœur de Londres.

En 1968, Hendrix s’installe ici avec Kathy Etchingham. Ensemble, ils décorent leur nid londonien avec des tapis de chez John Lewis, des tissus orientaux, des objets chinés sur les marchés de Portobello ou Chelsea. L’univers est psychédélique, feutré, résolument personnel.

C’est grâce à Kathy Etchingham, des années plus tard, que la chambre d’Hendrix a pu être reconstituée à l’identique et à son emplacement exact.
Un travail de mémoire précieux, qui constitue aujourd’hui le clou du musée.

Un cocon bohème au cœur de la ville

« C’était mon tout premier vrai chez-moi », dira Hendrix à propos de ce lieu.

Une rencontre au sommet… avec Haendel

La cohabitation posthume entre les deux artistes ne manqua pas de faire sourire Hendrix. En 1968, il découvre la plaque bleue apposée sur la façade voisine, en hommage à Haendel.

Il déclarera :

« God’s honest truth I haven’t heard much of the fella’s stuff. But I dig a bit of Bach now and again. »
Traduction : Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas entendu grand-chose de ce type. Mais j’aime bien un peu de Bach de temps en temps.

Piqué de curiosité, il ira même jusqu’à acheter des enregistrements du Messiah et de Belshazzar chez HMV sur Oxford Street.

La toute première guitare sur sol britannique

À son arrivée à Londres, le 24 septembre 1966, Hendrix est emmené directement chez Zoot Money, figure de la scène de Soho.
Là, il attrape une guitare Wandrè “Blue Jean” — marque italienne au design aussi audacieux qu’iconique — et se met à jouer.
Cette guitare, toujours exposée aujourd’hui avec ses cordes d’origine, est la toute première qu’il touche sur le sol britannique.

Ce jour-là, il rencontre aussi Kathy Etchingham (retrouvez ma récente interview avec Katy Etchingham ici). Le début d’une nouvelle vie.

La bande-son intime d’un génie

Chez lui, Hendrix se constitue rapidement une collection de plus de 100 vinyles. Il achète ses disques chez One Stop Records, sur South Molton Street, ou les reçoit en cadeau de la part d’autres musiciens.

Les plus usés ? Des disques de Bob Dylan, mais aussi… le Messiah de Haendel. Il adorait Roland Kirk, qu’il fera même jammer dans son salon en 1969.

« Le blues, c’est ce qu’il écoutait vraiment chez lui. Avec un musicien de jazz, il aimait le jazz. Avec un chanteur folk, il aimait le folk. Mais chez lui, c’était toujours le blues. » — Kathy Etchinghan.

Freddie Mercury, fan ultime

Sur place, on découvre trois affiches de concert de Hendrix, ayant appartenu à Freddie Mercury. Ces pièces, récemment acquises lors de la vente aux enchères des effets personnels de Mercury, sont exposées dans la pièce où trônent aussi plusieurs guitares.

Freddie l’a vu plus d’une dizaine de fois d’affilée sur scène. Il le considérait comme son idole absolue, un modèle, une incarnation de ce qu’un outsider pouvait devenir.

Jeune immigré né à Zanzibar, arrivé au Royaume-Uni adolescent, Freddie Mercury voyait en Hendrix une figure d’espoir : la preuve qu’on pouvait, à force de charisme et de talent, renverser les codes et s’imposer.

« Jimi Hendrix était un homme magnifique, un véritable showman, un musicien dévoué. Je traversais le pays pour le voir. Il avait tout ce qu’un rockstar doit avoir : du style, une présence. Il n’avait rien à forcer. Il entrait dans une pièce et tout s’embrasait. »
(Freddie Mercury: A Life, In His Own Words)

Hendrix était si important pour lui qu’il le citera dans The Miracle, titre de Queen sorti en 1989, aux côtés de quelques grandes figures de l’Histoire et de la culture.

La Haendel Hendrix House n’est pas un musée classique. C’est une plongée double, fascinante, dans l’intimité de deux artistes visionnaires.
L’un baroque, l’autre électrique, mais tous deux habités par la musique, la création, et ce supplément d’âme qui traverse les siècles.

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Pete Townshend des Who a 80 ans!


Pete Townshend fête aujourd’hui ses 80 ans.
Un immense musicien, compositeur, inventeur du concept d’opéra rock… et personnalité aussi brillante qu’insaisissable.

Je me souviens encore de son passage à Anvers avec The Who en 1997 : il rejouait Quadrophenia, son autre chef-d’œuvre narratif. Un moment fort.
Et il y a quelques jours, j’étais dans le quartier de Shepherd’s Bush, à Londres, là où il a grandi. J’y reviendrai bientôt dans un post dédié…

Mais aujourd’hui, je vous invite à redécouvrir Tommy, l’album qui a tout changé.
Un album fondateur. Une œuvre visionnaire.
Je vous raconte tout ça ici :

Article à lire sur Classic 21: https://www.rtbf.be/article/best-of-tommy-des-who-10215355

Et pour aller plus loin, notre podcast La Collection avec Fanny Gillard est disponible au cœur de l’article

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Tony Visconti et Woody Woodmansey – Holy Holy – live à Londres mai 2025

Flashback. Été 1970. Beckenham, sud-est de Londres.

🏡 Au 42 Southend Road, dans le quartier verdoyant de Beckenham, se dressait Haddon Hall, une imposante villa victorienne au charme décadent. C’est ici que David Bowie s’installe avec sa compagne Angie, le producteur Tony Visconti et le batteur Woody Woodmansey. À environ 16 km du centre de Londres, cette demeure devient le berceau de l’ère glam.

Un foyer de création libre, désordonné, électrique.
C’est là que naît l’ossature de The Man Who Sold the World, et qu’émergent les premiers échos du son Ziggy.

🎙️ Plus de 50 ans plus tard, les deux compagnons de cette époque mythique ravivent la flamme sur scène avec le groupe Woody Woodmansey’s Holy Holy.

📍O2 Shepherds Bush Empire, Londres.
Une salle intime, vibrante, idéale pour accueillir ce concert-hommage d’exception.

🎤 Sur scène, aux côtés de Visconti (basse) et Woodmansey (batterie), une formation de haut vol :

– Glenn Martyn Gregory Ware (Heaven 17) au chant, charismatique et habité
– James Stevenson (Generation X, The Alarm…) et Paul Cuddeford aux guitares
– Janette Mason aux claviers
– Rachel Meadows aux chœurs
– et la multi-instrumentiste Jessica Lee Morgan (fille de Tony Visconti et de Mary Hopkin, inoubliable interprète de Those Were the Days) à la guitare acoustique, aux chœurs et au saxophone 🎷🎶

🎼 La setlist rendait justice à toutes les époques :

– Les classiques de Haddon Hall (The Width of a Circle, The Man Who Sold the World)
– Les sommets glam de Ziggy Stardust
– Mais aussi des moments inattendus et puissants, comme Heroes ou une version poignante de Where Are We Now?

🎸 Visconti, concentré et discret, tout comme Woodmansey, ont laissé toute la place à la musique.
Aucun ego, seulement un immense respect pour l’œuvre, et une vraie complicité entre musiciens.

✨ On a pu ressentir l’émotion sincère de chacun. Un hommage vibrant à l’un des plus grands artistes britanniques du XXe (et XXIe) siècle.
Et déjà, je me réjouis de revenir ici, à Londres, en septembre, pour l’ouverture du David Bowie Centre au Victoria & Albert Museum

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