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Et mon morceau de Noël sera …. "It's Gonna Be Me" de David Bowie

Hello,

Juste envie de partager un petit moment de bonheur musical avec vous.

Tout à l’heure, en faisant mes courses de Noël, je réécoutais l’album « Young Americans » de David Bowie, un des mes favoris de sa discographie.

David Bowie en 1975 à l'époque de la sortie de "Young Americans" (ici en compagnie d'Ava Cherry)
David Bowie en 1975 à l’époque de la sortie de « Young Americans » (ici en compagnie d’Ava Cherry)

Je suis retombé sur « It’s Gonna Be Me », un titre que j’avais un peu oublié et qui n’était pas sorti sur la version originale de l’album en 1975 mais bien en bonus track de la réédition 1991 et 2007. J’avoue ne pas être un fanatique des « bonus tracks », il faut avouer qu’on est très souvent déçu par ces « chutes de studio ». Mais ici, c’est tout le contraire, et on se demande même pourquoi Bowie n’a pas intégré cette merveille sur la première version de « Young Americans ».

Quoiqu’il en soit, je vous invite à réécouter ce titre et je trouve qu’il correspond très bien à l’atmosphère festive de cette fin d’année.

Keep on Rockin et joyeux Noël à toutes et à tous,

Laurent

 

 

 

 

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Mon nouveau livre : Lou Reed. On the Wild Side

Le 27 octobre 2013, Lou Reed s’éteignait brusquement. Il nous laisse une oeuvre exigeante, révolutionnaire sur bien des aspects. Près de 50 ans d’une carrière sans concessions l’ont porté parmi les plus grands de l’histoire du rock.

J’ai souhaité rendre hommage à l’une de mes idoles et découvrir qui se cachait vraiment derrière cette image d’artiste cynique et froid qu’il incarnait si bien. Du Velvet Underground en 1967 à Lulu en 2011, mon livre retrace la genèse de chaque album. Les témoignages des proches, qu’il a côtoyés à différentes étapes de sa carrière, laissent entrevoir une toute autre facette de Lou Reed.

Album par album, on découvre un artiste en permanente évolution. Si Lou Reed n’a jamais avoué l’aspect autobiographique de son oeuvre, on se rend compte que finalement à chaque chapitre de son histoire, album après album, il finit par se dévoiler. Derrière un visage très dur et fermé, derrière ce « wild side », c’est un être humain sensible, délicat et extrêmement subtil qui se cache.

« Lou Reed: On The Wild Side » (éditions La Renaissance du Livre) disponible en Belgique dès le 16 octobre et en France et au Québec dès le 23 octobre dans toutes bonnes librairies ainsi qu’en ligne.

Lou Reed. On the Wild Side.

 

Renaissance du Livre • 15 x 23 cm • ISBN 9782507052416 • Nombre de pages : 176 • 19,00 euros

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Interview avec Joseph Mount de Metronomy (avril 2014)

J’ai eu le plaisir de rencontrer Joseph Mount, le fondateur et compositeur du groupe anglais Metronomy. Très relax – et fatigué – il m’a reçu dans les coulisses de l’Ancienne Belgique, quelques heures avant le début du concert archi sold out dont vous pouvez retrouver ma review et les photos ici.

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Joseph portait un beau survet, très différent de son costume de scène…

1)      Ce qui m’a frappé à la première écoute de ce nouvel album c’est l’importance des chœurs sur celui-ci. Pouvez-vous m’expliquer votre démarche à ce propos lors de l’enregistrement ?

JM : Avec ce nouvel album, j’ai pensé qu’il serait bien d’avoir un groupe qui assure les chœurs sur les morceaux. J’ai toujours aimé les chœurs. Sur l’album précédent (« English Riviera »), il y en avait déjà beaucoup mais je me doublais moi-même ou Anna (Prior, la batteuse) en faisait également un peu. Mais sur cet album, je me suis dit que ce serait bien d’avoir de nouvelles voix, de nouvelles textures à ajouter à l’ensemble. Ça a apporté quelque chose et je me dis dit que c’était le bon moment de la faire.

 

2)      Une question à propos du concept de cet album « Love Letters ». On ressent une certaine nostalgie avec des titres parfois assez tristes… Quelle était votre idée lorsque vous avez commencé à travailler sur ce nouvel album ?

JM : J’ai commencé à travailler sur cet album sans avoir un concept. L’idée originelle pour cet album était de l’enregistrer dans un studio analogique et de le réaliser à l’ancienne. Et je pense que ça lui a donné cet aspect assez 60’s. Mais il n’y avait vraiment pas de concept au départ. Notre vie dans le groupe a été essentiellement consacrée à tourner un peu partout durant les deux dernières années. Mon expérience de vie a donc été assez limitée et je ne pouvais rien en tirer pour l’écriture. Je pouvais parler du fait de voyager, de communiquer… mais ce n’est qu’à partir du moment on l’on a regroupé quelques idées et que le titre « Love Letters » est apparu que j’ai réellement senti que quelque chose se passait. La seule idée solide au départ était d’enregistrer en analogique…

 

3)      Et quand ça s’est développé par la suite … parce que quand on écoute l’album du début à la fin, il y a réellement un concept…

JM : Oui, d’une certaine façon. Mais ce n’est pas quelque chose que j’ai voulu spécialement, ça c’est fait tout seul et ça s’est fait plutôt bien je pense.

 

4)      C’est votre second album avec le nouveau line-up du groupe, celui qui vous appelez vous-même Metronomy 2.0. Comment pouvez-vous décrire l’ambiance en studio durant l’enregistrement de « Love Letters » ?

JM : C’était différent, il y a avait différentes configurations. Il y avait des sessions plus « électro » durant laquelle Oscar (Oscar Cash, collaborateur de Joseph Mount depuis 2008) et moi travaillions sur nos équipements. Et puis il y avait des sessions plus « fun » quand nous enregistrions tous ensemble. Vous savez quand vous enregistrez avec cet ancien matériel analogique, l’idée est d’enregistrer un morceau en entier en une seule prise et c’était très amusant à faire. Et l’atmosphère était toujours très relax. C’est véritablement dans ce genre d’ambiance que je veux produire un album, une ambiance relax, un album comme cela doit être enregistré dans de telles conditions. Et c’était vraiment bien.

Metronomy, from left, Joseph Mount, Anna Prior, Gbenga Adelekan and Oscar Cash
Metronomy : Joseph Mount, Anna Prior, Gbenga Adelekan et Oscar Cash

 

5)      Et l’enregistrement a pris combien de temps en tout ?

JM : Ca s’est étalé sur plusieurs mois, mais si l’on devait faire une estimation condensée du temps que ça a pris, je dirais que ça a véritablement pris 2 mois et demi. Plutôt bien et court … Oui, ça pourrait être plus court (rires)

 

6)      Mais peut-être pas pour ce genre de musique …

JM : Effectivement, je pense que non …

 

7)      C’est de la musique très produite …

JM : Oui, oui, il faut du temps …

 

8)      Sur l’album précédent, « English Riviera », il y avait une espèce de touche très pop 70’s, un peu à la Fleetwood Mac. Ici sur « Love Letters », le son est peut-être un peu moins précis avec ici un aspect plus Motown. Comment pouvez-vous décrire le son de « Love Letters » ?

JM : Le son est très … très simple. L’idée était que ça devait sonner très simple et minimaliste. Le fait d’enregistrer en analogique a également influencé le son. J’essayais d’obtenir ce son et cette atmosphère très 60’s. J’ai écouté beaucoup de choses durant la réalisation de l’album. Je pensais à la façon dont les musiciens de la Motown ou encore les Beatles enregistraient à l’époque. Ça a été une source d’influence effectivement.

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Love Letters

 

 

9)      Je voulais savoir… quel a été le déclencheur de votre passion pour la musique quand vous étiez enfant ? Avez-vous été inspiré par un artiste, un groupe en particulier ?

JM : Non, ce n’est pas arrivé comme ça. Le point de départ, ça a été la batterie. Je n’étais pas encore vraiment fan de musique mais je cherchais quelque chose d’amusant à faire, je jouais au football aussi, mais je ne trouvais rien d’aussi gratifiant que de jouer de la batterie, de la musique. Je ne me suis jamais dit en voyant quelqu’un à la télévision : « oh, j’aimerais être célèbre comme lui ». Je jouais de la batterie et c’était génial. J’avais 10 ans…

10) Et finalement, je sais que vous êtes très fan des productions léchées. Quel est pour vous l’album le mieux produit de l’histoire?

JM: Mmm…. ce serait quelque chose de Stevie Wonder c’est certain… (il réfléchit longuement). Je dirais « Fulfillingness’ First Finale ».

 

fulfillingnessfirstfinale

 

Quelques clips pour découvrir le groupe :



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Metronomy à l'AB le mercredi 2 avril 2014

Metronomy ne cesse de grandir depuis 2-3 ans. La sortie de The English Riviera, excellent troisième album de la formation en 2011, une véritable merveille mélangeant habilement modernité et ambiance pop-rock 70’s, en avait séduit plus d’un. Mercredi soir, à l’AB, Metronomy présentait son nouvel album, Love Letters, digne successeur d’English Riviera avec cette fois un parfum Motown assumé.

Metronomy - Love Letters tour - 4/2/2014 by Anicée Salvador
Metronomy joue Love Letters (photos : Anicée Salvador)

Le concert était sold out depuis déjà pas mal de temps et, devant la salle, certains auraient bien vendu leur âme pour se procurer le précieux sésame. Après une première partie assurée par le quatuor britannique Woman’s Hour, Metronomy entre sur scène avec Monstrous, un très bon extrait du nouvel album. On sent le public très réceptif mais encore un peu timide.

Metronomy live - photo Anicée Salvador
Joseph Mount et Anna Prior

Après deux autres extraits de Love Letters, le groupe entame The Look, gros single de l’album précédent. L’ambiance est installée.

Metronomy évolue dans un décor très vintage, composé de nuages en carton, qui pourrait nous rappeler notre tendres années « Barbapapa » ou « Le village dans les nuages ».

Si Joseph Mount est le maître de cérémonie, on peut compter également sur la forte présence du bassiste Olugbenga Adelekan, roi du groove et celle de la batteuse rouquine Anna Prior, dont les rythmes métronomiques pourraient nous rappeler ceux de Moe Tucker du Velvet Underground. 

Gbenga Adelekan
Gbenga Adelekan

Oscar Cash et Michael Lovett sont également de la partie, jouant de différents instruments et proposant quelques danses très à propos.

Oscar Cash from Metronomy live in Brussels (photo Anicée Salvador)
Oscar Cash

En plus de jouer de nombreux extraits d’English Riviera et de Love Letters, le groupe revient aussi pour quelques titres sur le plus électro (et moins connus du grand public) : Nights OutHoliday, Radio Ladio ou encore Heartbreaker connaissent une seconde jeunesse dans des versions plus rock que sur l’album.

Metronomy s’amuse beaucoup sur scène et c’est extrêmement communicatif. Le public est réceptif et Joseph Mount ne manque pas de le remercier. Au milieu du concert, on assiste à un moment particulièrement touchant.

Joseph Mount live 2014 (photo : Anicée Salvador)
Joseph Mount

Après avoir joué un titre, le groupe reçoit un tonnerre d’applaudissements. Alors que les musiciens s’apprêtent à entamer un autre titre, le public entame une seconde salve d’applaudissements improvisée, laissant Metronomy sans voix. Mount est visiblement très ému.

Le concert se termine en triomphe sur le très beau et délicat The Most Immaculate Haircut, en troisième titre après le rappel. Le public espère un second rappel, cela aurait été une première pour la tournée mais ça n’aura malheureusement pas lieu.

On garde un excellent souvenir de ce concert. Pour ma part, je me souviens d’une discussion partagée avec Joseph Mount avant le concert alors que je réalisais son interview. Je lui demandais s’il ressentait une connexion particulière avec la Belgique. Même s’il m’avoue ne pas avoir eu le temps de visiter Bruxelles ou de goûter notre impressionnante carte de bières, il se souvient très bien de ses précédents passages chez nous et du moment où le groupe est passé de la petite à la grande salle du Botanique, quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé.

Ce soir-là, les membres de Metronomy étaient les rois de l’AB et seront peut-être prochainement les rois de Forest National, qui sait ?

Retrouvez mon interview avec Joseph Mount de Metronomy (avril 2014) et les photos du concert ici.

 

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Interview de James Edward Bagshaw, leader de Temples et sortie de l'album "Sun Structures"

Je me suis rendu à Londres il y a quelques jours et, à la vitrine de tous les bons disquaires, est mis en avant un album : « Sun Structures » des Temples. Originaire de Kettering (Northamptonshire), le groupe de rock psychédélique a vu le jour en 2012 et aujourd’hui il est considéré comme l’une des meilleures formations britanniques par Noel Gallagher ou par l’ex-Smiths, Johnny Marr. Rencontre avec James Edward Bagshaw, chanteur, guitariste et co-compositeur de l’ensemble des titres avec le bassiste Thomas Warmsley.

sunstructures

 1) Quelques mots sur la création du groupe ?

JB : En fait, au début, ce n’était pas prévu que ce projet devienne véritablement un groupe.  C’était juste Thomas et moi et on échangeait des idées, des idées à propos de morceaux. Et puis on a fini par enregistrer 4 titres nous-mêmes, chez nous. Et puis on les a mis en ligne. Et donc, on a dû donner quelques concerts et c’est ainsi que le groupe – tel que l’on le connait aujourd’hui – a pris forme.

2)  En combien de temps avez-vous enregistré ce premier album « Sun Structures » ?

JB : L’album a été enregistré sur une période d’un an parce qu’au même moment, on n’arrêtait pas de tourner. Si nous n’avions pas autant donné de concerts, cela aurait pris maximum 3 semaines. Mais, là, avec notre agenda de concerts, ça s’est étalé sur une année entière. Finalement ça a donné à l’album un peu d’air… On avait le temps de faire évoluer les titres, il y a des choses inconscientes qui se produisaient lorsque l’on tournait et qu’on était sur la route et puis, en studio, avant d’enregistrer un morceau on se disait « pourquoi n’essayerait-on pas de faire ceci ou cela… ? ».

3)   Un mot sur vos influences musicales. Il est évident – à l’écoute de l’album – que vous avez été influencé par le rock psychédélique des années 60…

JB : Oui et aussi nous aimons la musique classique, Chopin… mais aussi les musiques de film, particulièrement ce qu’a fait John Barry. Une autre source d’inspiration est l’album « Days of Future Passed » des Moody Blues qui a proposé un très bon métissage entre instrumentation classique et pop music avec le travail de musiciens classiques qui jouent très bien, parfois trop même. Evidemment, nous ne disposions pas d’un orchestre classique pour nous accompagner et donc l’album a été écrit avec les limites qui nous ont été imposées. Par exemple,  l’usage d’un mellotron. Mais ça nous a permis de ne pas nous prendre la tête sur certaines orchestrations et ainsi de ne pas perdre l’essence de ce qu’on voulait faire.

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Le mythique « Days of Future Passed » (1967) des Moody Blues, grande influence pour Temples

4)  J’ai vu une vidéo sur Youtube sur laquelle on peut vous voir enregistrer une reprise du Waterloo Sunset des Kinks sur une chaine de radio française.  C’est une très belle version. Que pouvez-vous me dire à propos des Kinks, de Ray Davies, et de leurs influences sur votre musique, sont ils importants pour vous?

JB : Oui, aux côtés d’autres grands groupes britanniques qui dressent un portrait « British » dans leurs musiques. Ce côté excentrique… Ray Davies écrit non seulement de très belles paroles poétiques… lui et Dave Davies, tout cela sonne très anglais. Et si vous êtes anglais, vous avez ce côté presque musicalement patriotique en vous… Vous savez les Kinks, les Beatles, T.Rex, Bowie, Eno… Toutes ces personnes ont ce côté unique, excentrique et une façon très « british » de proposer de la musique.

 

5)   Quand vous étiez enfant, comment avez-vous découvert toute cette musique formidable. Était-ce avec vos parents, vos amis… ?

JB : J’ai commencé assez jeune. Mes parents avaient de bons goûts en musique. Ils étaient surtout branchés par la Motown que j’apprécie beaucoup. Et puis Elvis, les Beatles. Mais je me souviens aussi qu’il détestait particulièrement Bowie et donc je me suis lancé dans une quête pour aimer Bowie …

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Lou Reed "Berlin" (1973)

Lors d’un récent séjour londonien, j’ai craqué pour l’achat d’un 33 tours dans une boutique de « collectors ». C’est un disque qui représente beaucoup pour moi et qui a accompagné mon adolescence. Il s’agit de l’album « Berlin » de Lou Reed qui a tourné en boucle à l’époque mais que je n’avais plus pris le temps d’écouter depuis un moment. Et puis, de retour de vacances, je me suis fait un petit plaisir. J’ai déposé ce pressage original RCA sur ma platine et j’ai particulièrement apprécie ce moment de redécouverte rempli d’images et d’émotions….

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Il y a 12 ans environ, alors que je commençais ma collaboration avec Radio 21, je tenais un site baptisé « Classic-Rock.be » qui fonctionnait très bien et qui pouvait ressembler à ce que les blogs musicaux sont aujourd’hui, à part que le terme n’existait pas encore vraiment. J’ai retrouvé un archive d’un article que j’ai rédigé le 28 novembre 2002, j’avais envie de le partager avec vous…

Lou Reed
BERLIN (1973)
jeudi 28 novembre 2002, par Laurent Rieppi 

berlinloureed

Berlin, une ville d’histoire, une ville de souffrance, une ville partagée. Nombres de musiciens sont venus chercher l’inspiration dans la tourmente de Berlin. Aux côtés de David Bowie, Iggy Pop ou de Nick Cave (un peu plus tard), l’un de ceux-ci consacrera un album à cette ville. Son nom est Lou Reed et il vient de New York…

 

Berlin sort en 1973, suite à l’immense succès de l’album« Transformer » (1972) produit par David Bowie (sur lequel figurent les célèbres Walk On The Wild Side et Perfect Day).

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Avec Transformer, Lou Reed va enfin connaitre la reconnaissance du grand public grâce aux succès de Walk On The Wild Side et de la superbe ballade Perfect Day

Après sa dispute avec David Bowie, qui nous prouve encore une fois que la collaboration de deux esprits tourmentés et surdoués est souvent éphémère (rappellons nous du duo Reed/Cale au sein du Velvet Underground), il va s’associer à un autre grand producteur : Bob Ezrin, celui qui produira plusieurs albums d’Alice Cooper, dont le premier à connaître un grand succès, le splendide« Love It To Death » (1971).


Bob Ezrin produira de nombreux albums d’Alice Cooper et participera également très activement aux carrières des Pink Floyd et de Peter Gabriel.

Berlin se voudra un album conceptuel, très sombre et déprimant, une peinture très réaliste d’un couple de junkies survivant dans la ville. Un album que l’on pourrait qualifier de « Sgt Pepper Noir ». Une histoire racontée en musique, au travers des 10 titres que comporte l’album. Lou y dévoile la vie abominable de Caroline et de son violent compagnon.

Au fur et à mesure de l’album, on voit Caroline tomber par terre et se relever à plusieurs reprises suite aux violences psychologiques de la vie et aux violences physiques que lui inflige celui qui partage sa vie. Caroline se prostitue pour survivre et pour acheter de la drogue, on lui reprend ses enfants puisqu’elle est alors considérée comme une mauvaise mère. Lou Reed parle du surnom que les amies de Caroline lui donnent, « Alaska », en enchaînant pour terminer la chanson «  Caroline Says II  » (probablement le titre le plus poignant de l’album ) par un It’s so cold in Alaska (Il fait si froid en Alaska) très lourd de sens. Une froideur acquise après tellement de coups de couteau, une vie d’écorchée vive (Lou Reeds’inspirera d’éléments de sa propre expérience) qui se terminera sur les derniers titres de l’album par le suicide de Caroline.

Pour l’accompagner sur cet album, Lou Reed va réunir le gratin de la scène britannique ; parmi celui-ci, Dick Wagner et Steve Hunter aux guitares, ainsi que Tony Levin à la basse (un trio de musicien que l’on retrouvera dans des albums d’Alice Cooper et dePeter Gabriel) ; Steve Winwood sera également présent aux orgues.

L’album, qui devait être à l’origine un double, sera jugé trop ambitieux par la maison de disque RCA et sortira finalement en simple disque.

Berlin ne connaîtra pas le succès de Transformer, un peu comme si le public voulait se préserver d’un album trop vrai et quelque part trop pessimiste, ce qui plongera Lou Reed dans un état de dépression encore plus important.

Lou Reed s’est mis à nu et la réponse espérée de l’audience n’arrive pas. L’album se vend, malheureusement la reconnaissance du grand public n’est pas là. Elle viendra cependant avec le temps, l’album étant considéré, avec le recul nécessaire pour mieux l’aborder, comme le chef d’œuvre absolu de la carrière de Lou Reed par nombre de critiques ainsi que par les fans de l’artiste.

 

Titres de l’album :

-  1.   Berlin
-  2.   Lady Day
-  3.   Man of Good Fortune
-  4.   Caroline Says 1
-  5.   How Do You Think It Feels
-  6.   Oh, Jim
-  7.   Caroline Says-II
-  8.   The Kids
-  9.   The Bed
-  10.   Sad Song

 

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C'était il y a vingt ans, 1994 une année très musicale…

1994, c’était il y a vingt ans… Oui, c’est vrai, ça nous ne rajeunit pas. 1994 a été une année charnière dans l’histoire du rock. Une année importante marquée par une tragédie : la disparition de Kurt Cobain, fin d’une époque et début d’une nouvelle. 1994 a vu l’arrivée ou le triomphe de groupes tels que Green Day ou encore Portishead, le début de la ‘gueguerre’ Brit-pop Blur/Oasis mais aussi la consécration des Cranberries ou le retour de King Crimson. Zoom sur une année fondatrice…

Le 5 avril 1994, Kurt Cobain décide de mettre fin à ses jours alors que Nirvana était au sommet de sa popularité. Depuis 1991 et la sortie de Nevermind, c’était le grunge – né pourtant dans les années 80 aux Etats-Unis – qui donnait le ton… De nombreuses formations éphémères suivront le courant et beaucoup se perdent en reproduisant presqu’à l’identique.

1994 est également une année de rupture, la fin d’un chapitre et le début d’un nouveau. Voici un bref aperçu des sorties majeures de cette année musicale exceptionnelle:

dookie

Le troisième album du groupe californien Green Day sort le 1er février 1994. Il connait un succès fulgurant, porté par des singles tels que « When I Come Around » ou encore l’inoubliable « Basket Case ».

mellowgold

Le 1er mars 1994 sort « Mellow Gold », troisième album de Beck Hansen. Grâce à celui-ci, le musicien américain parvient enfin à se faire connaître un peu partout dans le monde. Le titre « Loser » est une excellente porte d’entrée vers son univers très particulier et indéfinissable où pop, rock, hip hop, musiques psychédélique et expérimentale se mélangent avec succès.

downwardspiral

Après un 1er album d’excellente facture en 1989 mais encore très influencé par Depeche Mode, Trent Reznor et son band nous reviennent en 1994 avec un des chefs d’œuvres du rock indus: « The Downward Spiral », « Piggy », « March of the Pigs », « Reptile » ou encore la chaotique ballade désespérée « Hurt » (reprise quelques années plus tard par Johnny Cash) s’imposent rapidement comme des classiques du genre.

superunknown

Sorti le 8 mars 1994, « Superunknown » est le 4eme album de Soundgarden, un des groupes fondateurs du grunge et originaire de Seattle, tout comme Nirvana. Si « Superunknown » n’est pas vraiment le meilleur ni le plus original opus du groupe, c’est l’album qui permettra au grand public de découvrir cet excellent groupe actif depuis le milieu des années 80. On y retrouve les titres « Spoonman » et bien entendu « Black Hole Sun ».

divisionbell

Sorti le 28 mars 1994, « Division Bell » est le 14ème et dernier album de Pink Floyd. Tout comme sur son prédécesseur, « A Momentary Lapse of Reason » (sorti en 1987), on y retrouve le célèbre groupe britannique dans sa formation Gilmour/Mason/Wright et sans Roger Waters. Produit par le fidèle Bob Ezrin, on y retrouve notamment le superbe « High Hopes ».

smash

Sorti le 8 avril 1994, « Smash » est le troisième album du groupe californien The Offspring. Enorme succès commercial, l’album surfe clairement sur la vague de l’ « après Kurt Cobain » avec des titres comme « Gotta Get Away » mais propose aussi deux petites bombes très accessibles, « Self Esteem » et « Come Out and Play », qui vont sérieusement concurrencer le punk rock adolescent « à la Green Day ».

livethroughthis

Le 12 avril 1994, le groupe de Courtney Love, Hole, surprend le public avec le très bon « Live Through This ». Les mauvaises langues diront que l’album a été écrit par le regretté Kurt Cobain mais en tout cas le résultat est bluffant. « Violet », « Miss World » ou encore « Doll Parts » font partie des grands titres de cette année 1994.

parklife

Sorti le 25 avril 1994, « Parklife » est le 3eme album du groupe britannique Blur. La « confrontation » Britpop approche, Oasis et Blur ne tarderont pas à s’insulter joyeusement par presses interposées. Avec « Parklife », Blur affine ses sonorités et ose même « Girls & Boys », un titre flirtant avec la Dance, pour ouvrir l’album. Albarn se montre ici à nouveau un excellent compositeur et signe des classiques tels que « End of the Century », « This Is A Low », « To The End » et bien entendu la plage titulaire « Parklife ».

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Le 10 mai 1994 voit la sortie du 1er album de Weezer, groupe californien atypique, qui crée véritablement la surprise à l’époque. Produit par Ric Ocasek des Cars, l’album propose d’excellents titres tels que « Say It Ain’t So », « Undone » ou encore « Buddy Holly » qui deviendra l’hymne du Windows 95 de Microsoft peu de temps après. La naïveté/sincérité des textes de Rivers Cuomo convainc le grand public, : c’est le début d’une nouvelle histoire musicale…

voodoolounge

Le 11 juillet 1994, les Rolling Stones sortent le très bon « Voodoo Lounge ». Après des années 80 quelques peu compliquées, les Stones sont ici de retour en très grande forme. « Love Is Strong » et la ballade « Out of Tears » sont deux titres phares de l’album.

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Le 19 juillet 1994, un certain Brian Warner fait ses débuts avec son groupe Marilyn Manson. « Portrait of An American Family » choque les Etats-Unis avec les titres « Get Your Gun », « Lunchbox » ou le bien nommé « Cake and Sodomy ».

dummy

Le 22 août 1994, un jeune groupe de Bristol créé l’événement avec la sortie de son 1er album intitulé « Dummy ». Portishead défend ici l’un des albums majeurs du trip-hop et le superbe « Glory Box » envahit les stations radios du monde entier…

jeffbuckleygrace

Le 23 août 1994, le très prometteur Jeff Buckley – fils de Tim Buckley – sort « Grace », un 1er album d’une étonnante maturité. Moins de 3 ans plus tard, Jeff Buckley sera retrouvé noyé à Memphis et entrera dans le panthéon de l’histoire du rock.

definitelymaybe

Le 30 août 1994, alors que l’été touche à sa fin, le monde du rock voit débarquer un nouveau groupe majeur. Oasis dévoile son « Definitely Maybe » et les frères Gallagher nous prouvent leur talent et leur arrogance grâce à de petites bombes telles que « Supersonic », « Rock’n’Roll Star » ou encore « Live Forever ».

worstcase

Le 16 septembre 1994, le groupe dEUS bouleverse la scène rock belge avec son 1er album « Worst Case Scenario ». Enorme source d’influence pour Brian Molko de Placebo, le premier album de dEUS comporte des incontournables tels que « Suds & Soda » ou encore « Hotellounge ».

noneedtoargue

Le 3 octobre 1994, sort le 2ème album des Cranberries « No Need To Argue ». Les Irlandais dénoncent le terrible conflit qui divise alors encore leur pays sur l’inoubliable « Zombie ».  Produit par Stephen Street, connu également pour son travail aux côtés des Smiths et de Blur, « No Need To Argue » est un album marquant des années 90.

noquarterpageplant

Le 14 octobre, les deux vétérans de Led Zeppelin voyant le retour d’un rock authentique depuis quelques années en profitent pour délivrer leur intéressant « No Quarter : Unledded » dans lequel ils reprennent le répertoire de Led Zeppelin, notamment en compagnie d’un orchestre égyptien pour une version épique et indispensable de « Kashmir ».

unpluggednirvana

Finalement, le 1er novembre 1994 sort le chant du cygne de Kurt Cobain, le superbe album live « MTV Unplugged in New York » de Nirvana. On y retrouve un Cobain plus fragile et touchant que jamais nous réinterprétant quelques-uns des classiques du groupe en acoustique ainsi que d’intéressantes reprises dont celle du « Man Who Sold The Wold » de David Bowie ou encore le déchirant « Where Did You Sleep Last Night » de Leadbelly.

 

Mais aussi …

  • Welcome To The Cruel World, le premier album de Ben Harper
  • Groove Family Cyco d’Infectious Groove
  • Let Love In de Nick Cave & The Bad Seeds
  • Ill Communication des Beastie Boys
  • The Last Temptation d’Alice Cooper
  • Monster d’R.E.M.
  • Korn, le premier album de … Korn
  • Hell Freezes Over, le retour des Eagles

La playlist de l’année 1994

  • Green Day – Basket Case
  • Beck – Loser
  • Nine Inch Nails – Hurt
  • Soundgarden – Black Hole Sun
  • Pink Floyd – High Hopes
  • The Offspring – Come Out and Play
  • Hole – Doll Parts
  • Blur – End of a Century
  • Weezer – Buddy Holly
  • The Rolling Stones – Love is Strong
  • Marilyn Manson – Cake and Sodomy
  • Portishead – Glory Box
  • Jeff Buckley – Hallelujah
  • Oasis – Supersonic
  • dEUS – Suds & Soda
  • The Cranberries – Zombie
  • Jimmy Page & Robert Plant – Kashmir
  • Nirvana – Where Do You Sleep Last Night (live)

Ecoutez cette playlist sur Spotify:

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Au revoir Paco de Lucia …

En guise d’hommage au guitariste de flamenco Paco de Lucia qui s’est éteint hier, j’avais envie de revenir sur un moment clef de sa carrière musicale… Souvenirs en musique…

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C’est en 1981 qu’est paru ce superbe enregistrement public capturé le 5 décembre 1980 au Warfield Theater de San Francisco. Sur scène, trio de géants de la guitare avait décidé de s’associer: Paco de Lucia, John McLaughlin et Al Di Meola. Le résultat: un mix subtil de jazz, de flamenco porté par des maîtres du genre.

L’album s’ouvre avec Mediterranean Sundance, une composition d’Al Di Meola couplée au Rio Ancho de Paco de Lucia. Cette première plage de « Friday Night in San Francisco » est un véritable chef d’oeuvre co-interprété par Al Di Meola et Paco de Lucia. Ce n’est pas rock au sens strict du terme, je vous le concède, mais quel plaisir. Ecoutez-ça …

Et si vous avez Spotify l’album complet est disponible ci-dessous:

 

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Rencontre avec Charlie Jones à l'occasion de la sortie de "Loveform"

Vous vous souvenez probablement de ce jeune bassiste aux cheveux longs qui accompagnait Jimmy Page et Robert Plant dans leurs aventures Page/Plant en studio et en live entre 1994 et la fin des années 90 et le début des années 2000… Devenu bassiste du groupe électro britannique Goldfrapp, Charlie Jones nous propose aujourd’hui « Loveform », un album instrumental fascinant mélangeant jazz, rock, musique classique et quelques éléments de musique électronique. Rencontre avec un musicien complet, passionnant et inspiré. 

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1)      Dans ce premier album « Loveform », on retrouve  du jazz, du rock, des éléments de musique classique. Certains passages peuvent même évoquer l’ambiance de certaines bandes originales de films. Il est difficile d’ « étiqueter » l’album. Comment décririez-vous le style de l’album en quelques mots ?

CJ : C’est un album très sonique… Tout d’abord, c’est plus un album émotionnel qu’intellectuel. Il fait plus appel à notre émotionnel du point de vue de sa musicalité. Il fait écho à différentes influences, différents styles musicaux du passé, le tout mélangé avec – je l’espère – une certaine harmonie qui donne du sens à l’ensemble. Pour moi, quand j’écoute de la musique rock, de la musique classique ou du jazz… je trouve qu’il y a une sorte de terrain commun entre ces styles. Mais définir le style, le genre de l’album, ce n’est pas évident. Certains disent qu’il a un aspect cinématographique, visuel, et je comprends ce point de vue, mais je n’ai pas conçu la musique avec cela à l’esprit.  C’est un voyage…

2)      Pendant combien de temps avez-vous travaillé à ce premier album solo ?

CJ : Cela m’a pris plus ou moins deux ans. Mais j’ai écrit l’ensemble, intimement, sur une plus longue période. La plupart de l’album – c’est amusant – a été écrit au piano. Et puis j’ai commencé à créer mes propres sons. J’ai un studio à la maison rempli de vieux effets vintages et j’ai ainsi créé des sons qui pouvaient donner un impact émotionnel aux différentes instrumentations.

3)      Avez-vous eu – d’une certaine façon – des influences musicales extérieures lorsque vous avez écrit ces morceaux ?

CJ : Oui je pense et aussi les influences extérieures de ma propre vie. De toutes ces observations que j’ai réalisées. Comme un voyage en tant que musicien mais aussi en tant que mari et père.

4)      Pour l’enregistrer, vous avez mis à contribution quelques-uns de vos amis comme John Baggott ou encore Clive Deamer … Que pouvez-vous nous dire à propos de leurs contributions à cet album ?

CJ : Bien, prenons John Baggott par exemple. C’est un pianiste accompli avec lequel j’ai travaillé de nombreuses années aux côtés de Robert Plant quand j’étais dans son groupe. Il a aussi collaboré avec Massive Attack. J’écrivais un morceau au piano puis il le jouait en tant que musicien sur l’album, avec sa propre habilité de pianiste. C’était un peu la même chose avec Clive Deamer : j’avais une idée très claire de ce que je voulais sur l’album. Il y a quatre ou cinq batteurs différents sur l’album. La raison, c’est que chaque titre a son propre environnement et chaque musicien y apporte sa propre touche dans l’interprétation musicale.

5)      Il y aussi Alison Goldfrapp – avec qui vous travaillez aujourd’hui – qui est invitée sur la plage titulaire « Loveform ». Que pouvez-vous nous dire à propos de ce titre et de sa participation sur celui-ci ?

CJ : Elle a gentiment accepté de participer à l’album. C’est original mais elle siffle sur ce titre et elle le fait très bien, c’est un peu son instrument si vous voulez. Elle a été d’un grand soutien, personnellement mais aussi pour la sortie de ce premier album solo.

6)      J’ai vu sur votre page Facebook que vous avez donné un concert à Londres il y a quelques jours…

CJ : Oui, effectivement, au Vortex. Le concert a très bien fonctionné. Jouer l’album en live a été une expérience très intéressante. Cinq personnes jouant live avec l’aide de pas mal de technologie. Nous avons utilisé une technique mise au point par un de mes amis, Steve Evans, qui avait aussi travaillé à mes côtés quand nous avons produit le dernier album de Siouxsie Soux. Il a pris différents sons issus de mon nouvel album et les a injectés dans des synthés de façon à pouvoir les reproduire sur scène mais avec un autre sens. En live, c’est une expérience assez étrange. C’est très différent de l’album, plutôt hors du commun, c’est une mixture de jazz, de rock et de classique.

7) Vous avez beaucoup travaillé avec Jimmy Page et Robert Plant à l’époque Page/Plant aussi bien en studio que sur scène. Quel est votre souvenir, aujourd’hui, de cette expérience musicale à leurs côtés ?

Le morceau Big Hair sur l’album est une référence à l’époque où je jouais avec Jimmy Page et Robert Plant et que j’avais des cheveux longs. Ce morceau est vraiment à propos du travail que j’ai réalisé avec eux. J’ai travaillé avec eux sur une très longue période, avec Robert pendant 13 ans et avec Jimmy et Robert pendant 5 ans. L’expérience était… c’était un voyage, un fantastique voyage. Je considère que ça a été un véritable apprentissage en tant que bassiste. J’ai beaucoup appris en travaillant avec eux mais je pense que pour ce qui est de revisiter le catalogue de Led Zeppelin pendant plusieurs années, j’ai été aussi loin que je le pouvais. Travailler avec Robert, en tant qu’artiste solo, c’était très différent. La dynamique est très différente que de travailler avec Jimmy et Robert. Mais dans l’ensemble, ça a été une expérience formidable.

8) Et aujourd’hui vous travaillez en solo et avec Goldfrapp…

CJ : Oui, effectivement. Vous savez la différence entre travailler avec Goldfrapp et Page/Plant… Jimmy Page et Robert Plant font toujours référence au blues… Passer de cette grosse machine qu’est l’héritage de Led Zeppelin à un album comme « Black Cherry » de Goldfrapp qui était, à cette époque, une formation qui faisait ses débuts a été un fameux défi. Mais j’ai trouvé cela extrêmement stimulant d’un point de vue créatif. C’était plus ouvert à l’expérimentation et le groupe n’avait pas peur de proposer des choses hors du commun. Pour moi, en tant qu’artiste, c’est quelque chose de primordial. J’aime toujours beaucoup travailler avec eux aujourd’hui…

 

L’album sur Spotify

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Une page de l’histoire montoise se referme : au revoir Monsieur le coiffeur…

Aujourd’hui, exception à la règle, cet article ne parle pas de rock. Il est consacré à une petite histoire de vie que j’avais envie de partager simplement avec vous…

Un salon qui pourrait faire penser à celui que l'on retrouvait à Mons jusqu'il y a peu...
Un salon qui pourrait faire penser à celui que l’on retrouvait à Mons jusqu’il y a peu…

Depuis près de 10 ans, je me rends dans les bureaux de la RTBF Mons pour collaborer à la formidable aventure qu’est Classic 21. Pratiquement chaque jour, sur le chemin allant de la gare au centre de production, je passe devant le salon d’un coiffeur à l’ancienne. D’après mes renseignements, le salon n’avait pas subi de modifications depuis 1959. Tout était intact, authentique : le mobilier, la décoration, les ciseaux et autres ‘outils’. C’était fascinant de passer devant ce salon « vintage » et d’observer ce coiffeur, vieillissant un peu plus chaque année, en train d’attendre paisiblement le prochain client.

Les clients étaient rares, certes, mais avaient tous plus ou moins le même âge que lui. Ensemble, ils parlaient probablement du bon vieux temps, d’une époque que l’on n’a pas connu et qu’on a du mal à imaginer.

Monsieur le coiffeur se fichait pas mal de faire foule dans son salon, il n’était pas obsédé par la rentabilité et la productivité à tout va. Probablement qu’il n’angoissait pas quand on lui annonçait que « le retour de la croissance économique, ce n’est pas pour demain mais peut-être pour après demain » (ou pas…)

Quand Monsieur le coiffeur n’avait pas de client, il dormait… C’était vraiment touchant de le voir assoupi dans ce vieux fauteuil, rêvant probablement de vieux souvenirs heureux.

Parfois me venait cette idée… Et s’il ne se réveillait pas aujourd’hui de cette petite sieste, ne serait-ce pas là la plus belle façon de partir, fièrement, dans son environnement, dans ce salon qui représentait une bonne partie de sa vie ?

Ce soir en rentrant du boulot, le vent soufflait assez fort et donnait à ce début de soirée l’aspect de ces dures journées d’hiver durant lesquelles on n’attend qu’une chose : rentrer chez soi pour boire un bon chocolat chaud.

En passant devant le salon, quelque chose a attiré mon attention. L’étalage n’était plus en place. Je me suis approché et ai constaté avec tristesse qu’il était pratiquement vide et qui ne restait que quelques chaises qui témoignaient de ce qu’avait été ce commerce devenu un endroit insolite mais aussi témoin important d’une autre époque dans la ville.

Je ne sais pas si Monsieur le coiffeur nous a quittés ou s’il a été placé. Quoi qu’il en soit une page de l’histoire de Mons s’est définitivement tournée aujourd’hui…

Et là je me suis souvenu d’être passé devant le salon il y a quelques semaines à peine, en compagnie de mon pote et collègue Eric Laforge. On s’était dit qu’on irait bien saluer le coiffeur un de ces jours. Eric avait le projet de prendre des photos de l’établissement et moi d’enregistrer le témoignage de Monsieur le coiffeur. Il devait en avoir des histoires à raconter sur l’évolution de Mons au fil de toutes ces années…

Et puis, comme souvent, on pense à autre chose, on a d’autres projets et parfois, surtout, on n’ose pas. Par crainte de déranger, par timidité, pour différentes raisons que l’on connait toutes et tous.

Ce n’est pas la première fois que je rencontre ce genre de situation et, souvent, on a des regrets rpar la suite. Si vous lisez ce billet, vous avez probablement votre propre Monsieur le coiffeur dans votre famille, votre entourage, votre quartier, votre rue. S’il y a un message que je souhaite faire passer ici, c’est qu’il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre de ces personnes dont le témoignage peut vous éclairer sur votre propre vie, sur vos réflexions les plus profondes. Ne vous laissez pas toujours emporter par le rythme de la vie ou la timidité, prenez le temps de vivre, de partager, d’observer, de poser des questions. N’attendez pas qu’il soit trop tard…

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