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Nick Cave & The Bad Seeds: la rage de vivre, live à la Rockhal de Luxembourg

Je dois vous parler d’hier au Luxembourg…
En fait non, tout d’abord je suis obligé de rembobiner et de revenir sur la soirée du 27 juin à Cologne il y a quelques semaines.
Après ce concert, je ne m’étais pas exprimé sur mes impressions cette fois. Peut-être par pudeur, peut-être par une forme de peur aussi, de peur de ne pas être objectif, d’être emporté par un excès d’enthousiasme à la suite de la privation covidienne… Parce que ce soir là, deux choses me sont venues en tête en descendant les escaliers qui me menaient vers la sortie du la Lanxess Arena. Première idée, ok on achète des places pour le prochain concert proche (Luxembourg), il faut absolument revivre ça encore une fois et, de plus, cette fois on sera dans les premiers rangs pour participer de plus près à cet échange particulièrement puissant et humain entre l’artiste et ses fans, le vortex comme il qualifie cette masse humaine qui lui veut du bien.
La deuxième idée me choque rien qu’en y repensant, je me dis mais en fait je pense que je viens de vivre mon meilleur concert rock, point à la ligne. Sachant que j’ai vu des centaines de grands concerts rock depuis 1996 (l’année de mes 16 ans) et eu l’occasion d’assister à de grands moments sur les plus belles scènes de Wallonie, de Bruxelles, de Flandre, de Paris, Londres, Berlin et même New York, cette sensation me semble vraiment étrange. Est-ce possible ? Est-ce qu’à un moment on peut faire une pause et dire « ok, ça y est voici le nouveau sommet » celui qu’on espère pouvoir dépasser dans le futur mais qui reste ce solide point de repère, ce souvenir qui restera gravé à jamais ?
Donc je me suis tu, publiquement et aussi intérieurement. « Ce n’est pas possible, je dois prendre du recul, attendre, analyser les choses à nouveau, sous un autre angle ». Et les semaines sont passées, je me suis chopé le Covid (au concert de Nick Cave à Cologne, d’ailleurs plusieurs autres personnes qui y étaient l’ont aussi attrapé là-bas et ce n’est pas une « gripette », j’ai toujours des symptômes musculaires un mois plus tard) et puis vient ce moment tant attendu, le second concert prévu à la Rockhall au Luxembourg.
Ce concert sera la réponse à cette question, est-ce que j’étais emporté dans un excès d’enthousiasme aveugle ou avais-je vraiment vu le meilleur concert de ma vie (enfin jusque là bien entendu)?
Nous voici donc aux portes de la Rockhall avec Lisa et Antoine, bien décidé à voir le concert tout devant, au centre du vortex…
Et, comment dire, toutes mes impressions du concert de Cologne se sont confirmées. Il se passe réellement quelque chose de très particulier lors de ce concert communion avec le public.
Sans rentrer en détails dans l’aspect pathos des choses, Nick Cave a perdu un second fils, Jethro, juste quelques semaines avant d’embarquer dans cette importante tournée. Vous le savez peut-être mais son album « Ghosteen », sorti en octobre 2019, chef-d’œuvre reconnu par la presse internationale, était l’œuvre troublante et touchante sur le processus de deuil à la suite de la disparition de son fils Arthur, âgé de 15 ans.
A l’annonce du décès de Jethro, beaucoup pensaient (et j’en faisais partie) que la tournée allait être annulée. Mais non, au contraire, Nick Cave a poursuivi sa voie et puise aujourd’hui dans la générosité de son public l’énergie pour tenir debout et ne pas s’effondrer…
On sent l’artiste régulièrement touché par cet échange avec le public, cette marée de mains qui se lèvent à son passage pour un échange furtif, une main serrée, une preuve qu’on est là, qu’on sera toujours là.
Ce moment aussi où Cave, avant de débuter le titre « O Children », qu’il interprète au piano, revient dans la fosse, pour serrer la main d’un enfant présent sur les épaules de son papa et lui dédier ce morceau… Frissons…
A la vue de la surprenante set list de cette tournée, on peut être quelque peu surpris. En effet, cela va dans tous les sens, les différentes époques de la vie de Nick Cave et ses Bad Seeds se côtoient dans un gigantesque chaos qui fait étonnamment sens.
Il y a le Cave diabolique sanguinaire de From Here To Eternity ou Tupelo, celui qui nargue la foule, la provoque et fait référence à ses plus bas instincts, il y a le Nick Cave crooner au cœur brisé d’Into My Arms, le Cave de la renaissance des années 2010 et ses mémorables Jubilee Street et Higgs Boson Blues entre contrôle, élégance et perte totale de contrôle, il y aussi le Cave de Skeleton Tree, Ghosteen et Carnage, en processus de reconstruction après le deuil…
Cet ensemble d’émotions puissantes vous bouleverse, vous émeut, vous retourne les tripes, vous faut rire, vous donne envie de crier, de chanter, de balancer la tête comme si vous étiez à un concert de metal, bref vous offre ce cocktail incroyable, ce tourbillon de sentiments qui est exactement tout ce que l’on attend d’un concert de rock…
Et ce moment qui, a la fin du show, fait que vous êtes incapable de parler pendant 20 minutes, tant il est complexe d’exprimer avec des mots ce que vous venez de vivre.
Oui ces deux concerts de Nick Cave & The Bad Seeds sont les deux meilleurs concerts que j’ai vu, point a ligne. Voici le nouveau repère, en espérant voir bientôt un concert qui arrive à les dépasser…
Et, si vous qui avez lu jusqu’ici, vous dites « il est bien sympa Rieppi, mais Nick Cave c’est un peu de la musique d’intello blabla… », sortez de ce cliché, écoutez l’album « Push The Sky Away » et découvrez un univers unique, celui d’un des plus sincères et d’un des plus intéressants artistes rock du 20e et 21e siècle…
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(photos copyright Laurent Rieppi 2022)
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Mes coups de cœur album 2013: David Bowie, Ghost, Black Sabbath, Nick Cave…

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Hello et avant tout mes meilleurs vœux pour cette année 2014!

Pour bien commencer l’année je vous propose – grande première – une petite vidéo que je me suis amusé à réaliser\’bricoler’ très rapidement dans laquelle je présente mes coups de cœur albums de l’année 2013. Un article plus complet avec une sélection étendue sera publiée prochainement. A très bientôt…

 

 

 

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Mick Harvey, l'ancien bras droit de Nick Cave, se dévoile dans "Four: Acts of Love"

« Four: Acts of Love » est le cinquième album solo de Mick Harvey, le guitariste et multi-instrumentiste complice de Nick Cave pendant près de 40 ans. En 2009, Harvey a quitté Cave et ses Bad Seeds pour se concentrer sur ses projets solo. « Four: Acts of Love » est le second album à sortir depuis ce départ très médiatisé.

Deux ans après le très bon « Sketches from the Book of the Dead », Mick Harvey revient avec ce très inspiré « Four: Acts of Love ». Les fans de Nick Cave et de PJ Harvey, avec qui il a également collaboré intensivement, seront ravi de retrouver le son si particulier de ce musicien ultra-doué. On prend plaisir à écouter cette voix mature qui sent le vécu. Mention particulière pour Glorious signé par PJ Harvey ainsi que la reprise de The Story of Love du groupe de punk australien The Saints. Harvey rend aussi hommage en reprenant avec beaucoup de tendresse le Wild Hearts (Run Out of Time) de Roy Orbison et fait ainsi un clin d’oeil à Van Morrison en reprenant son « The Way Young Lovers Do ». Un album profond et ample.

Note: 4/5

A écouter avant tout: Glorious,  The Story of Love, Summertime In New York, Wild Hearts.

Dans le même genre: Nick Cave, PJ Harvey, Leonard Cohen, Scott Walker

A noter que Mick Harvey fera son retour en album en fin d’année avec une compilation reprenant tous les titres de Serge Gainsbourg qu’il avait repris dans la seconde moitié des années 90. Une sortie à tenir à l’oeil

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Ouvrez grand les oreilles: découverte Ben Caplan & The Casual Smokers

Nouvelle rubrique sur le blog: « Ouvrez grand les oreilles » vous propose de découvrir des artistes encore méconnus mais qui méritent le détour et une écoute attentive… On commence aujourd’hui avec Ben Caplan & The Casual Smokers, une nouvelle sensation made in Canada que vous pourrez prochainement découvrir sur scène dans le cadre du Roots & Roses festival le 1er mai à Lessines.


L’univers de Ben Caplan est difficilement définissable. Le premier nom qui vient en tête quand on écoute sa musique – et surtout sa voix – est Tom Waits: on y retrouve ce grain graveleux, celui d’un baroudeur qui aurait un peu trop abusé de whisky. A cet aspect « Tom Waits » vient se greffer le son de la musique klezmer, c’est à dire de la musique juive traditionnelle. Un sacré cocktail pour une ambiance unique qui, parfois, peut même évoquer le monde de Nick Cave.
Bref, si vous êtes amateur de singers/songwriters de qualité et que vous êtes à la recherche de nouvelles sonorités et de découvertes intéressantes, suivez le lien ci-dessous et écoutez quelques titres (disponibles en intégralité) sur le site MySpace de Ben Caplan & The Casual Smokers

Liens:

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Le rock c'est complètement "wild" …

‎ »Songs are wild animals » (« les morceaux sont des animaux sauvages« ) a déclaré Neil Young dans une récente interview. Le terme « Wild » est très souvent usité dans les titres rock. En voici une petite sélection des plus célèbres « with a little help from my facebook friends » … (si vous cliquez sur les liens en rouge, vous aurez accès aux clips vidéo, magie …)

Neil Young: très "Wild" dans son genre ...

Et bien entendu, le plus « Wild » d’entre tous, Born to Be Wild de Steppenwolf (ahhh « Easy Rider » …)

Easy Rider et sa formidable bande originale

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=rMbATaj7Il8&fs=1&hl=fr_FR]

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Berlin 2010

Berlin, 21 ans après la chute du Mur, est une ville libre, charmante, passionnante, quelques mots sur une semaine que je ne suis pas prêt d’oublier …

Quand on débarque dans une grande ville, une des plus importantes capitales européennes (Berlin compte plus de  3,4 millions d’habitants), que l’on est en plein cœur du mois de juillet et que le baromètre indique plus de 30 degrés, on se dit : « Mais quelle idée de visiter une grande ville alors que je pourrais être peinard, les pieds en éventail au bord de la mer, en montagne …?! ». Et j’avoue que ma première impression a été celle-là… En vacances, n’a-t-on pas envie – plus que tout – d’éviter les métros, les bus, la pollution et la foule en ville? Me suis-je trompé de destination?

Mais Berlin n’a pas le côté oppressant que l’on peut parfois retrouver à Paris ou encore plus à Londres. L’attitude des habitants est plus cool.  Personne n’est pressé et l’ambiance baba, parfois bobo de quartiers comme Prenzlauer Berg ou encore Mitte (tous deux situés dans l’ancienne partie Est de la ville) est parfaitement relaxante, et, quand le soleil est de la partie, Berlin n’a rien à envier aux habituelles destinations méditerranéennes. A Berlin, on se déplace en métro, mais aussi et surtout à pied et à vélo.

Étonnamment, les automobilistes (pas si nombreux que ça) respectent les limites et les usagers faibles, on se sent donc parfaitement à l’aise pour déambuler joyeusement dans les rues et les différents quartiers de la ville. Parce que si Berlin est riche de musées très intéressants (musées du Mur, Story of Berlin, musée de la photographie, musée de la RDA…), on se plait à simplement s’y promener pour apprécier les différentes architectures et ambiances des nombreux quartiers.

 

L'ambiance relax du Tiergarten

 

Pour prendre le plein d’oxygène, une promenade au Tiergarten – véritable poumon de Berlin – s’impose. On y croise des berlinois et berlinoises de tous styles, de tout âge qui s’y promènent en toute sérénité. On est ému quand on y croise des personnes âgées de plus de 75 ans qui ont parfois dû subir les terreurs du nazisme et l’oppression de l’époque RDA… Berlin est enfin en paix et l’air et l’ambiance zen de ce grand parc nous le confirme.

Mais Berlin, outre l’Histoire, est une ville très musicale qui sera source d’inspiration pour de nombreuses personnalités du rock. L’ombre de David Bowie et d’Iggy Pop plane encore non loin des studios Hansa Tonstudio que les artistes avaient rebaptisés « Hansa by the Wall » puisque de la fenêtre du studio on pouvait voir le mur et les gardes de l’est.  Bowie aimait Berlin pour sa vie nocturne, pour cette ‘tension’ palpable mais aussi parce qu’il pouvait passer complètement incognito, les berlinois lui fichaient la paix. Après de nombreuses années sous les feux des projecteurs, Bowie avait besoin de se retrouver et Berlin était son sanctuaire. La « trilogie berlinoise » (composée des albums « Low », « Heroes » et « Lodger ») est un des chapitres les plus importants et passionnants de sa carrière.

Berlin, c’est aussi un réseau de métro (U-Bahn) et d’équivalent de RER (S-Bahn) extrêmement complet. Lorsque vous séjournez à Berlin, il vous arrive régulièrement de prendre la ligne de métro 2 (U2) et l’une des stations importantes (pour les correspondances etc.) est la Zoologischer Garten Station, autrement dit la « Zoo Station« , comme on l’appelle là-bas.

U2? Zoo Station? Ça vous dit quelque chose?

Rappelons que U2 a enregistré l’un des ses meilleurs albums à Berlin – « Achtung Baby » – en compagnie du génial producteur Brian Eno (autre grand fidèle de la ville dans le cadre des ses aventures musicales avec Bowie). Alors est-ce que tout cela est le fruit du hasard? Pas vraiment… Pour la ligne de métro, oui, parce qu’à l’époque à laquelle U2 a enregistré l’album (90-91) la Zoo Station était accessible par la U1 et pas encore par la U2 (ce sera le cas après 1993).

Par contre « Zoo Station« , le titre, mais aussi l’énorme Zoo TV Tour fait bien référence à cette ligne de métro berlinoise. En fait, Bono avait entendu parler d’une histoire qui s’était déroulée à Berlin pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des animaux s’étaient échappés du Zoo suite à un bombardement. Ainsi des rhinocéros, des pélicans ou encore des flamants roses erraient dans les rues de Berlin le lendemain matin. Cette histoire a intrigué Bono et comme, de plus, il a appris qu’une des célèbres stations de métro, celle du Zoologischer Garten (que je vous conseille d’ailleurs) était appelée familièrement « Zoo Station », l’affaire était en poche, le concept du titre de U2 « Zoo Station » (qui ouvre « Achtung Baby ») était en route …

 

La "Zoo Station" source d'inspiration pour U2

 

Mais U2 et Bowie ne sont pas les seuls à avoir enregistré au célèbre Hansa Tonstudio, on citera également Nick Cave et Depeche Mode (qui auront, eux aussi, leurs phases « berlinoises »), les allemands de Tangerine Dream, Killing JokeMarillion ou beaucoup plus récemment Snow Patrol, Supergrass ou encore KT Tunstall.

Bref, tout ceci pour vous dire que oui, j’ai eu le coup de cœur pour Berlin et que, oui, je vous conseille vivement d’aller y faire un tour lors d’un prochain city trip…

 

Hommage à Pink Floyd, Roger Waters et Gerald Scarfe à East Side Gallery

 

 

"Heroes" (1978), le plus berlinois de la trilogie de Bowie ...

 

Quelques liens intéressants:

Visite:

The Story of Berlin

Mauermuseum (musée du Mur)

DDR Museum (musée de la RDA)

Musée de la photograhie (fondation Helmut Newton)

Le passionnant Tacheles

East Side Gallery: Les restes de Mur ‘revisités’ par des artistes

Musique:

Studio Hansa

S036 (club underground dans lequel Bowie et Iggy Pop passaient pas mal de temps)

Références Bowie à Berlin sur Leslapinstechno.com

Berlin Music Tour

Le « Musée/café » Ramones à Berlin

Bowie interview à propos de Berlin

A écouter:

David Bowie: « Low », « Heroes », « Lodger »

Iggy Pop: « The Idiot », « Lust for Life »

Nick Cave: « Your Funeral… My Trial »

U2: « Achtung Baby »

Depeche Mode : « Construction Time Again »

Et ne pas oublier …

  • D’aller prendre l’air au Tiergarten
  • De se promener dans la Karl Marx Allee qui a conservé un côté très « Est »
  • De se promener dans les quartiers Mitte et Prenzlauer Berg
  • L’Alexanderplatz et sa fameuse tour TV
  • Et tellement d’autres superbes endroits à découvrir …
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