Archives mensuelles : mars 2024

Exposition : « Yoko Ono: Music of the Mind »

Le Tate Modern présente actuellement une exposition dédiée à l’œuvre de Yoko Ono jusqu’au 1er septembre, offrant ainsi une opportunité de découvrir une facette moins connue de cette artiste souvent mal comprise dans le monde du rock. Bien que son mariage avec John Lennon en 1969 et sa participation à plusieurs enregistrements des Beatles l’aient indéniablement associée à cet univers, son œuvre transcende largement cette affiliation.

Née à Tokyo en 1933, Yoko Ono a traversé des épreuves marquantes, notamment les bombardements de sa ville natale et les séquelles psychologiques des attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Après avoir déménagé à New York avec sa famille en 1945, elle a toujours ressenti une dualité culturelle, se considérant comme une être hybride entre le Japon et l’Amérique.

Dès la fin des années 50, elle s’est plongée dans le milieu artistique expérimental et underground de New York, s’inspirant notamment des travaux de John Cage, Edgar Varèse et Henry Cowell. Ses premières expositions dans son loft au 112 Chambers Street à Manhattan, puis à l’AG Gallery, ont été des mélanges audacieux de son, de musique expérimentale, de poésie et d’art conceptuel, attirant l’attention de personnalités telles que Marcel Duchamp et Peggy Guggenheim.

Sa rencontre avec John Lennon en 1966 a été un tournant majeur dans sa carrière. Les deux artistes ont uni leurs forces à la fin des années 60 pour défendre la paix à travers des œuvres musicales et des actions emblématiques telles que les célèbres « Bed-ins for Peace », où le couple accordait des interviews à la presse internationale depuis leur lit dans des hôtels à Amsterdam et à Montréal.

L’exposition met en lumière une œuvre phare de Yoko Ono, « Grapefruit », publiée en 1964, un recueil d' »instructions artistiques » destinées à stimuler la créativité. Parmi celles-ci, « Cloud Piece », débutant par les mots « Imagine the clouds dripping… », a inspiré John Lennon pour son célèbre titre « Imagine » en 1971.

À l’âge de 91 ans, Yoko Ono reste fidèle à ses convictions et continue de promouvoir la paix à travers ses œuvres récentes. Une grande partie de l’exposition est interactive, invitant les visiteurs à participer en recréant des œuvres, en écrivant, en enfonçant des clous dans une installation ou en laissant des messages pour la paix et l’unité.

L’exposition aborde également les réalisations musicales et les albums solo de Yoko Ono, offrant ainsi une vision globale de son œuvre.

Explorant cet espace, on découvre un aspect méconnu de l’artiste expérimentale. Au-delà des clichés et des commentaires sexistes ou racistes qui ont souvent entaché sa réputation, notamment de la part de certains fans des Beatles, cette exposition offre une nouvelle perspective, voire un plaisir simple. Une expérience à ne pas manquer.

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Expo 2Tones Records à Londres: From the Carribean To Coventry

Je me suis récemment rendu à la Barbican Music Library pour découvrir une exposition fascinante dédiée à l’emblématique label britannique 2 Tone Records.

Ce label, fondé par le musicien Jerry Dammers en 1979, est célèbre pour avoir signé des groupes emblématiques tels que The Selecter, Madness, Elvis Costello et The Specials. Au cœur de la philosophie de 2 Tone Records, symbolisée par son logo noir et blanc, résidait l’idée audacieuse d’unir des musiciens de différentes origines, fusionnant le ska, le reggae et le punk dans une démarche inclusive de partage de la passion pour la musique.

Avant d’explorer l’histoire et l’influence du label, l’exposition offre un aperçu captivant de l’immigration jamaïquaine au Royaume-Uni, mettant en lumière l’impact de cette communauté dès la Première Guerre mondiale et la reconnaissance de son sacrifice.

« From the Caribbean To Coventry » nous invite ensuite à un voyage musical, mettant en avant des 45 tours historiques de 2 Tone tels que « The Prince/Madness » de Madness (1979), « Too Much Pressure » des Selecter (1980), et « Ghost Town » des Specials (1981).

L’exposition n’oublie pas non plus l’esthétique distinctive de l’époque, avec son style vestimentaire classique et mod, ainsi que les aspects culturels tels que les fans clubs et les magazines spécialisés. Cet univers riche et évocateur incite à une exploration minutieuse et passionnante.

En plus du programme de l’exposition, qui offre des informations précises sur les organisateurs et une playlist soigneusement sélectionnée, je recommande vivement l’excellent ouvrage de Daniel Rachel, « Too Much Too Young: The 2 Tone Records Story: Rude Boys, Racism and the Soundtrack of a Generation ». Disponible à la vente et en prêt dans cette bibliothèque publique de la Ville de Londres, cet ouvrage offre une plongée captivante dans l’histoire et l’héritage de 2 Tone Records, permettant de prolonger le plaisir de cette expérience immersive en musique et en histoire.

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Le Dublin Castle de Camden, club mythique de Londres

Hier soir, j’ai assisté à un concert découverte au Dublin Castle de Camden à Londres. À vrai dire, je m’y suis rendu davantage pour l’aura de la salle que pour les artistes annoncés, qui se sont révélés être tout de même très sympas.

Mais qu’est-ce qui confère à ce club de Camden une telle renommée ? Eh bien, tout a commencé avec le groupe Madness, qui a forgé sa réputation à Londres et au-delà du Royaume-Uni en 1979 en jouant de nombreux concerts là-bas. En 2017, une célèbre « blue plaque » a d’ailleurs été dévoilé pour commémorer le passage du groupe dans le club.

Le 18 mai 1995, Blur, au sommet de sa gloire, a donné un concert secret où ils ont interprété pour la première fois sur scène “Stéréotypes”, extrait de leur album à venir : “The Great Escape”.

Coldplay a également donné l’un de ses premiers concerts, sous le nom de “the Coldplay”, le 22 février 1998.

Quant à Amy Winehouse, elle a foulé cette scène et est devenue une habituée du café, où elle était souvent vue en train de discuter avec les clients et même de les servir derrière le bar avant de devenir une star. Elle entretenait une amitié particulière avec la propriétaire des lieux, Peggy Conlon. D’ailleurs, ce soir, c’était émouvant de voir cette dame âgée aider à nettoyer les tables et à débarrasser les verres, apportant ainsi son aide à son fils devenu gérant du club.

Le Dublin Castle a également été un tremplin pour des groupes tels que Supergrass, The Killers et les Arctic Monkeys.

En somme, si vous passez par là, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Ci-dessous, quelques photos prises ce soir, accompagnées d’images d’archives.

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Rencontre avec Phil Manzanera de Roxy Music

Hier soir, au 21Soho, Phil Manzanera, l’emblématique guitariste de Roxy Music et collaborateur de renom de Brian Eno et de David Gilmour, était l’invité d’honneur d’une rencontre avec le public pour célébrer la parution de son autobiographie, « Revolución to Roxy ». Organisé par Word In You Ear, cet événement a été animé par deux journalistes chevronnés, des experts incontestés de l’œuvre du musicien.

Au début de l’interview, avant d’aborder en profondeur la période Roxy Music, qui constitue le cœur de son autobiographie, Manzanera a partagé avec une grande émotion et une certaine nostalgie ses origines colombiennes grâce à sa mère, ainsi que son enfance passée en Colombie, au Venezuela et même à Cuba, où il a été témoin des premiers jours de la révolution.

Avec une sincérité teintée d’humilité, il a ensuite évoqué ses débuts modestes dans le monde de la musique à Londres, avant de croiser la route de Bryan Ferry et de Brian Eno. Il n’a pas manqué de souligner, avec un brin d’ironie, comment il avait été écarté lors de sa première audition pour Roxy Music, pour finalement être engagé quelques mois plus tard.

Le moment phare de cette rencontre fut incontestablement la discussion sur le chapitre consacré à Roxy Music, et c’est là que Manzanera s’est ouvert sur ses relations professionnelles avec les autres membres du groupe. Il a exprimé un certain regret quant au fait que ces derniers connaissent peu, voire rien du tout, de son vécu à Cuba et en Amérique du Sud. Il a souligné que leurs échanges portaient principalement sur la musique au sein du groupe, et que d’autres aspects de sa vie étaient relégués au second plan.

Le travail collaboratif de Manzanera avec David Gilmour au cours des deux dernières décennies a également occupé une place centrale dans la discussion. Manzanera a partagé avec émotion un moment marquant : le concert où il a eu l’honneur d’accompagner David Gilmour, ainsi que David Bowie, dans un hommage poignant à Syd Barrett en interprétant « Arnold Layne ». Cette performance, qui remonte à 2006 au Royal Albert Hall, a été la dernière apparition du Thin White Duke sur scène dans son pays natal.

Pour conclure l’entretien de manière surprenante, Manzanera a partagé une anecdote fascinante : son accord pour que Kanye West et Jay Z utilisent un riff tiré de l’un de ses albums solo de 1976, « K-Scope », dans leur titre « No Church In The Wild ». Touchant un tiers des redevances sur ce morceau, cette simple décision lui rapporte désormais plus que l’intégralité de son travail enregistré avec Roxy Music.

À noter également que Manzanera a enchanté l’audience en interprétant deux titres à la guitare au cours de la soirée, dont la pièce maîtresse de son album « Diamond Head » de 1975.

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Le sacre de David Bowie par Kevin Davies


Je me suis rendu à Londres pour assister à une exposition photographique exceptionnelle dédiée à David Bowie, capturée par l’objectif de Kevin Davies et orchestrée par Dylan Jones, un éminent expert de la carrière du Thin White Duke. Cette exposition s’est tenue dans le cadre prestigieux de la Fitzrovia Chapel, une chapelle magnifique datant de la fin du 19e siècle.

Intitulée « David Bowie: A London Day », cette exposition retrace une journée de séance photo qui a eu lieu le dimanche 13 décembre 1992 à Clerkenwell, dans le Grand Londres. Cette séance était organisée en prévision de la sortie prochaine du 18e album studio de l’artiste, Black Tie White Noise, qui comprenait en partie la bande originale de son mariage avec Iman. Cet album marquait le retour de David Bowie en collaboration avec le producteur Nile Rodgers et son ancien guitariste Mick Ronson pour une reprise de « I’m so Free » de Cream.

Les clichés de Davies nous dévoilent un David Bowie au sommet de sa forme au début des années 90, apaisé par sa relation épanouissante avec Iman et libéré de la plupart de ses démons passés. Il était alors prêt à entamer un nouveau chapitre remarquablement créatif de son œuvre, marqué notamment par la sortie de Black Tie White Noise en 1993, suivi de Outside en 1995 et d’Earthling en 1997.

Le cadre de l’exposition était idéal pour mettre en valeur cette renaissance artistique, et j’ai pu constater que le public était ravi de pouvoir admirer ces photographies dans des conditions optimales. Bien que l’exposition ne soit pas très étendue, elle mérite vraiment le détour… Bien entendu, pour les amateurs intéressés, les clichés étaient également disponibles à l’achat, bien que leur prix avoisinait près de 2000 livres sterling par pièce.

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