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C’était il y a 20 ans: Retour sur la prestation de David Bowie à Glastonbury

🎪 Le week-end dernier avait lieu le festival de Glastonbury, l’un des événements les plus emblématiques et influents au monde. Pour un·e artiste, y jouer est souvent considéré comme une véritable consécration.

🎤 Cette année, les têtes d’affiche s’appelaient The 1975, Rod Stewart et Neil Young. À noter aussi une apparition surprise très remarquée de Pulp, qui célèbre cette année les 30 ans de son album culte Different Class et vient de surprendre tout le monde avec un excellent nouvel opus, sobrement intitulé More.

Mais 2025, c’est aussi l’occasion de jeter un œil dans le rétroviseur… et de revenir 25 ans en arrière, au même endroit, pour revivre une apparition légendaire : celle de David Bowie à Glastonbury en 2000.

✨ C’était sa deuxième participation au festival. La première remontait à 1971, à l’aube d’une carrière encore confidentielle, où il avait joué en acoustique devant une poignée de festivaliers. Presque trois décennies plus tard, c’est face à 150 000 personnes que Bowie revient, en conquérant.

👑 Sa longue chevelure, récemment repoussée, évoquait volontairement celle de 1971. Il portait un manteau à queue de pie signé Alexander McQueen, clin d’œil visuel et symbolique à l’élégance glam de ses débuts.

🎹 En coulisses, un brin fébrile, Bowie regarde son fidèle pianiste Mike Garson et lui demande de débuter le concert seul au piano, pour “chauffer” le public – comme il l’avait fait en 1973 lors du dernier concert de Ziggy Stardust au Hammersmith Odeon. Un geste de confiance… et de panache.

😷 Malade, affaibli par un virus à la gorge, Bowie avait dû s’économiser les jours précédents. Son entourage craignait une annulation. Mais sur scène, la magie opère : on ne perçoit quasiment rien de sa fatigue, si ce n’est un voile léger sur certaines notes, qui apporte paradoxalement une touche de fragilité touchante à ses interprétations.

🎶 À l’origine, Bowie avait prévu une setlist plus audacieuse. Mais sur les conseils de la BBC, il choisit finalement d’enchaîner ses plus grands classiques : Life on Mars?, Heroes, Let’s Dance, Ashes to Ashes, Ziggy Stardust… Offrant ainsi au public une compilation live habitée, tendue, électrique. Inoubliable.

💥 Et comment ne pas saluer l’immense performance de son groupe d’accompagnement ? Un line-up de rêve : Earl Slick, Mark Plati, Gail Ann Dorsey, Mike Garson, Sterling Campbell, Holly Palmer et Emm Gryner

📀 Ce concert mythique est enfin sorti officiellement en 2021 en audio et vidéo. Un indispensable dans toute discothèque personnelle.

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Review — John Fogerty, Sportpaleis, Anvers, mercredi 25 juin

À 80 ans, entouré de ses deux fils, la légende de Creedence Clearwater Revival a prouvé qu’il n’a rien perdu de son énergie ni de son charisme scénique. Le concert était certes un peu court, mais d’une efficacité redoutable.

Avez-vous déjà vu John Fogerty sur scène ? C’est un véritable phénomène. À chaque fois que j’assiste à l’un de ses concerts, je ressors abasourdi par la puissance, la précision et l’émotion qu’il dégage. Il fait partie de ces rares artistes dont l’intensité semble intacte malgré les décennies.

Le nom de John Fogerty n’est pas toujours familier au grand public, mais celui de Creedence Clearwater Revival évoque instantanément des classiques intemporels : “Born on the Bayou”, “Proud Mary”, “Green River”, “Fortunate Son”, “Who’ll Stop The Rain”… Autant de titres que le groupe californien, emmené par Fogerty, a composés en à peine cinq ans, entre 1968 et 1972. Et pourtant, ils traversent toujours les générations, régulièrement entendus dans des films, des séries ou des pubs, redécouverts sans cesse.

Mais l’histoire de Fogerty est aussi celle d’un combat : en 1972, après la séparation douloureuse de CCR, il entre en conflit avec son label Fantasy Records, qui conserve les droits de ses propres compositions. S’ensuivent des années de procès et de silence discographique, entrecoupées de quelques retours marquants dans les années 70, puis 80, avant une véritable résurgence dans les années 90. Pendant 50 ans, il s’est battu pour récupérer la propriété de ses chansons… jusqu’à ce que, en janvier 2023, il annonce enfin avoir gagné ce combat.

Sur scène, il le répète avec un sourire franc : « I got my songs back! » Et ce n’est pas une simple phrase : c’est un soulagement, une revanche, une libération.

Ce soir-là, pendant un peu plus d’1h30, il enchaîne les tubes avec une énergie incroyable. À ses côtés, ses deux fils, Shane (guitare) et Tyler (chant, guitare), participent à cette grande fête familiale et musicale. Fogerty en profite pour annoncer Legacy, un nouvel album dans lequel il revisite ses plus grands classiques avec ses enfants. Il s’en amuse sur scène :
« Vous pensez peut-être que c’est un projet de vieux con… mais franchement, ça sonne super bien ! »

Et il a raison. Sa voix est incroyablement intacte, puissante et juste. Sa guitare n’a rien perdu de son mordant. Il donne tout, avec le sourire, la générosité et une envie de partage rares à cet âge. De sa génération, il est sans doute celui qui a le mieux conservé son instrument et sa voix.

Un grand moment de rock’n’roll. Authentique, généreux, jubilatoire.

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🎤 BOB DYLAN DÉCRYPTÉ ! 🎶 – Conférence



Une figure insaisissable, un monument de la culture rock… Et si on prenait enfin le temps de le comprendre ?

📅 Jeudi 4 juillet
🕗 20h00 – Salle Scheier, Beckerich
🎟️ Entrée : 15 €

👉 Laurent Rieppi vous embarque pour un voyage au cœur de l’œuvre, des métamorphoses et des mystères de Bob Dylan.
Une conférence vivante, passionnée et accessible à tous.

📩 Infos & réservations : info@kulturmillen.lu
🌐 www.kulturmillen.lu

🔎 “Ce n’est pas un concert, mais vous risquez d’en sortir avec une playlist bouleversée.”

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Heavy Metal en RDA : quand les riffs grondaient derrière le Mur

Difficile d’imaginer que le heavy metal ait pu exister et même prospérer dans un pays comme la RDA. Et pourtant…

✊ Contexte historique

La République Démocratique Allemande, fondée en 1949 dans la zone d’occupation soviétique, était un État autoritaire, où la culture et l’expression artistique étaient strictement encadrées. Toute influence occidentale — et particulièrement anglo-américaine — était suspecte, perçue comme un danger idéologique. Mais à partir des années 1970, le régime commence à lâcher du lest, contraint par une jeunesse avide de sons nouveaux et de liberté.

Car oui, le rock et le heavy metal venus de l’Ouest faisaient peur. Trop de guitares, trop de sueur, trop d’attitude. Rien à voir avec l’idéal du jeune citoyen socialiste discipliné. Mais les autorités savaient qu’interdire totalement ce style serait contre-productif. Alors, elles choisirent une autre voie : encadrer, contrôler… tout en laissant une certaine marge.

Les artistes occidentaux n’étaient pas autorisés à se produire sur le sol est-allemand, à l’exception de quelques cas isolés dans les toutes dernières années du régime, juste avant la chute du Mur. Pourtant, pendant près de deux décennies, une véritable scène metal est-allemande s’est structurée dans l’ombre — avec sa créativité, ses contraintes… et ses riffs.

⚡ Le métal sous contrôle

Pendant des années, un heavy metal “autorisable” s’est développé, validé (ou au moins toléré) par l’État. Il ne s’agissait pas de copier servilement Iron Maiden ou Metallica, mais bien d’adapter le genre aux exigences du régime : des paroles filtrées, un look encadré, des concerts surveillés… mais un son résolument électrique.

Parmi les groupes actifs à l’époque, souvent surveillés de près, on peut citer :

• Formel 1
• Blitzz
• Merlin

Et bien sûr City, plus connu pour son rock planant et progressif que pour du metal pur, mais souvent cité comme une influence majeure de la scène hard rock est-allemande. Leur titre culte Am Fenster (1977) est devenu un hymne générationnel en RDA… et même un succès à l’Ouest.

Sur certaines éditions vinyles, notamment diffusées à l’étranger, le groupe apparaît sous le nom “City DDR” – une manière de signaler sa provenance et de souligner l’exception culturelle qu’il représentait dans un pays socialiste.

💿 Le label Amiga, filtre officiel

Les albums de heavy metal venus de l’Ouest étaient rares, chers et souvent copiés sous le manteau, sur des cassettes usées. Mais certains disques ont été officiellement publiés en RDA, à condition d’être approuvés par Amiga, le label d’État.

Fondé en 1947, Amiga possédait le monopole des pressages vinyles dans le pays. Il couvrait tous les genres autorisés et servait de garde-fou idéologique. Quelques albums occidentaux ont ainsi été publiés en versions adaptées. L’exemple le plus emblématique reste sans doute Highway to Hell d’AC/DC, distribué par Amiga — une curiosité devenue collector, et l’un des rares ponts “officiels” entre le metal australien et le public est-allemand.

🤘 Une expo pour redonner une voix aux amplis du passé

C’est tout cela — et bien plus — que raconte l’exposition Heavy Metal in der DDR à Berlin. Une immersion dans une époque à la fois rugueuse et inventive, où la passion musicale faisait face à la censure, où les instruments étaient bricolés avec des pièces de récup, et où chaque concert était une bouffée d’air pur dans un quotidien quadrillé.

À travers des témoignages, des objets authentiques, des vinyles rares et une scénographie immersive, l’expo nous plonge dans les paradoxes d’un régime qui tentait de dompter une jeunesse en furie… et finit par lui laisser une scène.

📍 Infos pratiques

L’exposition Heavy Metal in Der DDR replonge dans cette époque particulière à travers des témoignages poignants, des objets rares et une scénographie immersive. Elle met en lumière les contradictions d’un régime autoritaire face à l’irrésistible pouvoir de la musique.

🗓️ Visible jusqu’au 31 août 2025
📍 Kulturbrauerei, Berlin
🎟️ Entrée gratuite


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Berlin, Neues Ufer l’un des repaires favoris de David Bowie et Iggy Pop

À Berlin-Ouest, dans le quartier de Schöneberg, à quelques pas de leur appartement de la Hauptstraße 155, David Bowie et Iggy Pop avaient leurs habitudes dans un petit café discret : le Neues Ufer.

À l’époque, il s’appelait Anderes Ufer – littéralement « l’autre rive ». Ce fut l’un des tout premiers bars gays d’Europe, un lieu convivial, ouvert à tous, où l’on pouvait discuter, rêver, refaire le monde… ou simplement démarrer la journée autour d’un café.

C’est là que Bowie aimait prendre son petit-déjeuner. Lui et Iggy y passaient aussi leurs fins de soirée, parfois jusqu’au dernier verre, avant de rentrer à pied chez eux, quelques mètres plus loin. Rien de glamour : un lieu simple, presque banal, mais qui offrait un ancrage précieux dans cette parenthèse berlinoise.

Bowie adorait Schöneberg, un quartier longtemps au cœur du Berlin des Années folles. Il y retrouvait l’ombre de Marlene Dietrich, qui y vécut, et l’ambiance trouble et fascinante des romans de Christopher Isherwood, qu’il vénérait – et qu’il rencontra d’ailleurs pendant cette période.

🎬 Petite anecdote cinématographique : Bowie fut très fier de partager l’affiche du film Just a Gigolo (C’est mon gigolo) avec Dietrich, dans ce qui restera la dernière apparition à l’écran de la star allemande. Ils ne se rencontrèrent pourtant jamais sur le tournage, mais l’idée de figurer à ses côtés suffisait à combler Bowie.

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Iggy Pop – Zitadelle Spandau, Berlin, 19 juin 2025

Voir Iggy Pop à Berlin, c’était tout en haut de ma check-list. C’est désormais fait — et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu.

Lors de précédents séjours dans la capitale allemande, j’étais déjà parti sur les traces de Bowie et Iggy, devant leur ancien appartement de la Hauptstraße, dans le quartier de Schöneberg. Un lieu chargé d’histoire, bien avant eux, déjà marqué par le passage de Marlene Dietrich ou d’Albert Einstein… Et pourtant, leur présence à tous les deux a laissé une empreinte unique dans le Berlin du rock cabossé et intense.

Alors oui, Iggy a évoqué la Hauptstraße. Oui, le set rendait hommage aux albums The Idiot et Lust for Life, baignés dans l’esprit nocturne et berlinois de ces années-là. Et bien sûr, les Stooges n’étaient pas oubliés, loin de là.

Et surtout, oui, il semblait sincèrement ému d’être de retour dans sa ville d’adoption, celle qu’il a lâché ce soir-là dans un cri : « Fucking Berlin ! »

Le temps passe. L’Iguane s’assoit de temps en temps, mais qu’importe : il donne tout, sans retenue. Sa voix, entre aboiements punk et phrasés crooner, reste incroyablement intacte malgré ses 78 ans.

Et puis il y a ces claques. Des morceaux comme Gimme Danger, I Wanna Be Your Dog, 1970, I Got A Right, I’m Sick of You (peut-être le sommet du concert), balancés avec une intensité brute. Lust for Life et The Passenger, eux, sont balancés tôt dans le set — presque comme pour dire « voilà, c’est fait » — mais jamais expédiés.

En résumé ?
Iggy Pop est toujours là. Brillant, fragile, dangereux, vivant.
Et ça, c’est déjà un miracle rock’n’roll en soi.

Setlist – Iggy Pop – Berlin, 19 juin 2025

  1. T.V. Eye (The Stooges)
  2. Raw Power (Iggy and The Stooges)
  3. I Got a Right (Iggy and The Stooges)
  4. Gimme Danger (Iggy and The Stooges)
  5. The Passenger
  6. Lust for Life
  7. Death Trip (Iggy and The Stooges)
  8. I Wanna Be Your Dog (The Stooges)
  9. Search and Destroy (Iggy and The Stooges)
  10. Down on the Street (The Stooges)
  11. 1970 (The Stooges)
  12. I’m Sick of You (Iggy and The Stooges)
  13. Some Weird Sin
  14. Frenzy
  15. Apocalypse / Nightclubbing
  16. Modern Day Rip Off
  17. I’m Bored
  18. Real Wild Child (Wild One) (The Dee Jays cover)
  19. Funtime
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Rob Bailey, ex-AC/DC à Namur

🎸 Il était là… avant le short d’Angus.
Rob Bailey, premier bassiste d’AC/DC, est de passage en Belgique. Un « parfait inconnu » ? Peut-être. Mais un témoin direct des débuts du groupe le plus électrique de l’histoire du rock. 🔌⚡

C’était cet après-midi à Namur et on lui a tendu le micro pour évoquer les coulisses des premières années, les tenues (parfois improbables) d’Angus Young, le potentiel du groupe, et ses propres souvenirs — entre fierté, passion et un brin de nostalgie.

📖 À lire ici 👉 https://www.rtbf.be/article/quand-un-ex-ac-dc-redecouvre-son-passe-sur-une-chaise-a-namur-11562700

🎬 Vidéo de l’interview ici https://www.facebook.com/share/v/1ARxtqc5fK/?mibextid=wwXIfr

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Séquence radio hommage à Brian Wilson des Beach Boys dans Soundtrack

🎧 Hommage à Brian Wilson – Podcast disponible 🌊

Ce dimanche 15 juin 2025, avec beaucoup d’émotion et un immense respect, j’ai eu le privilège de présenter une séquence spéciale Soundtrack consacrée à l’un des plus grands génies de la musique moderne : Brian Wilson, disparu la semaine dernière.

Avec Laurent Debeuf, nous vous proposons un voyage d’une heure à travers 10 titres soigneusement sélectionnés — des classiques incontournables, mais aussi quelques trésors moins connus de son œuvre, avec les Beach Boys et en solo.

Une heure pour (re)découvrir la richesse mélodique, la fragilité, la beauté et l’audace d’un artiste unique. 🌊✨

🎙 Le podcast est maintenant disponible : laissez-vous porter par la magie Wilsonienne.

https://auvio.rtbf.be/media/soundtrack-sequence-soundtrack-3351291

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🎹 Brian Wilson est parti. Mais voilà pourquoi il comptera toujours.

(Photo par https://www.flickr.com/people/75972766@N02)

Pour moi, Good Vibrations est peut-être la plus belle composition – et production – pop de tous les temps. Du génie à l’état pur.

J’ai eu la chance de le rencontrer pour la première fois avec mon collègue Jean-Paul Smismans, il y a vingt ans. Et de l’interviewer encore deux fois ensuite. C’était un personnage complexe, parfois totalement là, parfois un peu ailleurs… Mais quelle légende. Et quelle chance de l’avoir croisé.

Je repense aussi à Smile, enfin sorti en 2004 après des décennies de silence et de chaos. Ce fut l’un des plus beaux retours de l’histoire du rock. Contrairement à ce qu’on a parfois raconté, son génie ne s’est pas arrêté en 1967. Il ne s’est jamais vraiment éteint.

Voici 10 raisons pour lesquelles Brian Wilson comptera toujours :

  1. Il a élevé la pop au rang d’art majeur.
    Avec Pet Sounds, il a prouvé que la musique populaire pouvait être aussi profonde, audacieuse et bouleversante que n’importe quelle grande œuvre.
  2. Il a révolutionné la production en studio.
    Collages sonores, instruments inattendus, arrangements d’orfèvre : bien avant les logiciels, il composait en couches et en textures.
  3. Il a sculpté des harmonies vocales célestes.
    Des harmonies nourries de jazz vocal, de doo-wop et d’intuition pure – devenues une signature intemporelle.
  4. Il a mis l’émotion au cœur de la pop.
    Il a chanté l’angoisse, la solitude, la tendresse, la nostalgie. Et ce dès les années 60, quand peu osaient le faire.
  5. Il a inspiré les plus grands.
    McCartney disait de God Only Knows que c’était « la plus belle chanson d’amour jamais écrite ». Pet Sounds a changé la trajectoire des Beatles.
  6. Il a affronté l’enfer.
    Les troubles mentaux, les addictions, l’isolement… Sa vie a parfois ressemblé à une descente aux enfers. Mais sa musique a toujours été une lumière.
  7. Il a fait de Smile un mythe, puis un miracle.
    Commencé en 1966, abandonné, fantasmé pendant quarante ans… et finalement offert au monde dans une version bouleversante en 2004.
  8. Il a signé un des plus beaux retours du rock.
    Il aurait pu disparaître dans le silence. Il est revenu. Et a prouvé qu’il était encore capable de beauté, de grâce, d’émotion.
  9. Il a incarné le génie fragile.
    La sensibilité à fleur de peau, l’oreille absolue, les tempêtes intérieures. Il portait tout cela en lui, et le transmettait en musique.
  10. Il a transformé l’Amérique en rêve sonore.
    Avec Surfer Girl, In My Room, Caroline, No ou ’Til I Die, il a donné une voix aux émotions enfouies sous les sourires californiens.

🌊 Il était l’un des plus grands compositeurs de la pop moderne. Un architecte de l’intime. Un esprit blessé qui n’a jamais cessé de chercher l’harmonie.

Repose en paix, Brian. Et merci.

Plus d’informations : https://www.rtbf.be/article/musique-brian-wilson-le-genial-cofondateur-des-beach-boys-est-decede-a-l-age-de-82-ans-11560393

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Cat Power – Sings Dylan: The 1966 Royal Albert Hall Concert au Cirque Royal de Bruxelles, 09/06/25

📍 Cirque Royal, Bruxelles
📅 9 juin 2025

Chan Marshall, alias CAT POWER, n’est pas une interprète comme les autres. Depuis plus de vingt-cinq ans, elle bouscule les genres avec une sensibilité à fleur de peau, une voix capable de fragilité comme de puissance retenue, et une capacité rare à faire sienne la musique des autres. Ce n’est donc pas un hasard si elle s’est lancée, depuis 2022, dans un projet aussi ambitieux que personnel : recréer le concert mythique donné par Bob Dylan à Manchester en mai 1966, longtemps – et à tort – appelé The Royal Albert Hall Concert.

Ce concert est entré dans la légende pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il marque un tournant majeur dans la carrière de Dylan : la bascule entre le folk acoustique de ses débuts et un rock électrique aux sonorités plus abrasives. Ensuite, parce qu’il est le théâtre d’un moment de tension historique : un spectateur outré, scandant “Judas!” à Dylan, trahissant selon lui l’essence du folk. En réponse, Dylan ordonne à son groupe de “jouer fing fort*” avant de lancer un “Like a Rolling Stone” d’une intensité rageuse. C’est ce moment charnière de l’histoire du rock que Cat Power a choisi non pas de copier, mais d’habiter, avec respect, émotion, et une classe indéniable.

Pas de reconstitution théâtrale, ni d’effet vintage forcé : Cat Power choisit l’épure. Au Cirque Royal, la scène est dépouillée, baignée d’une lumière sobre, bleutée ou orangée, presque feutrée. Une ambiance de club plus que de show, qui évoque immédiatement les concerts de 1966 : une époque où tout tenait dans la tension d’un regard, la magie d’un silence ou l’éclat d’un couplet.

Le concert est structuré en deux sets parfaitement distincts, à l’image du concert original. La première partie, entièrement acoustique, permet à la voix de Chan Marshall de s’épanouir dans toute sa richesse. Elle ne cherche jamais à imiter Dylan : elle l’incarne, avec une sincérité presque troublante. Chaque mot, chaque souffle, semble pesé, vécu, offert. On assiste alors non pas à une relecture muséale, mais à une transfusion d’âme entre deux artistes. On pourrait presque parler d’un concert de Dylan amélioré… tant la voix, profonde et enveloppante, révèle des dimensions nouvelles à des titres comme “It’s All Over Now, Baby Blue” ou “Mr. Tambourine Man”.

Peu à peu, cette première partie gagne en intensité, comme si l’on sentait déjà gronder l’orage électrique à venir. Et c’est justement ce que propose la seconde moitié : une montée en puissance rock’n’roll, fiévreuse mais toujours contenue. Les guitares se frottent à l’orgue Hammond, les rythmiques se densifient, et le groupe, parfait d’un bout à l’autre, brille dans chaque nuance. Mention spéciale à Jordan Summers à l’orgue Hammond – pas une émulation numérique, mais le véritable instrument, avec ce grain chaud et légèrement rugueux qui ancre tout dans le réel.

Ailleurs, lors d’autres dates, des spectateurs ont crié “Judas!” pour recréer l’instant célèbre. Chan Marshall, imperturbable, avait alors répliqué : “Jesus”. Ce soir à Bruxelles, rien de tel. Pas besoin de rejouer le passé : la magie opère dans le présent, dans cette fidélité qui ne cède jamais à la caricature.

Un hommage humble, puissant, habité. Et profondément touchant.
Et puis ce “Ballad of a Thin Man”…
Lent, tendu, spectral.
Un moment suspendu qui, à lui seul, touchait au sublime.

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