Archives de catégorie : Concerts

Metronomy à l'AB le mercredi 2 avril 2014

Metronomy ne cesse de grandir depuis 2-3 ans. La sortie de The English Riviera, excellent troisième album de la formation en 2011, une véritable merveille mélangeant habilement modernité et ambiance pop-rock 70’s, en avait séduit plus d’un. Mercredi soir, à l’AB, Metronomy présentait son nouvel album, Love Letters, digne successeur d’English Riviera avec cette fois un parfum Motown assumé.

Metronomy - Love Letters tour - 4/2/2014 by Anicée Salvador
Metronomy joue Love Letters (photos : Anicée Salvador)

Le concert était sold out depuis déjà pas mal de temps et, devant la salle, certains auraient bien vendu leur âme pour se procurer le précieux sésame. Après une première partie assurée par le quatuor britannique Woman’s Hour, Metronomy entre sur scène avec Monstrous, un très bon extrait du nouvel album. On sent le public très réceptif mais encore un peu timide.

Metronomy live - photo Anicée Salvador
Joseph Mount et Anna Prior

Après deux autres extraits de Love Letters, le groupe entame The Look, gros single de l’album précédent. L’ambiance est installée.

Metronomy évolue dans un décor très vintage, composé de nuages en carton, qui pourrait nous rappeler notre tendres années « Barbapapa » ou « Le village dans les nuages ».

Si Joseph Mount est le maître de cérémonie, on peut compter également sur la forte présence du bassiste Olugbenga Adelekan, roi du groove et celle de la batteuse rouquine Anna Prior, dont les rythmes métronomiques pourraient nous rappeler ceux de Moe Tucker du Velvet Underground. 

Gbenga Adelekan
Gbenga Adelekan

Oscar Cash et Michael Lovett sont également de la partie, jouant de différents instruments et proposant quelques danses très à propos.

Oscar Cash from Metronomy live in Brussels (photo Anicée Salvador)
Oscar Cash

En plus de jouer de nombreux extraits d’English Riviera et de Love Letters, le groupe revient aussi pour quelques titres sur le plus électro (et moins connus du grand public) : Nights OutHoliday, Radio Ladio ou encore Heartbreaker connaissent une seconde jeunesse dans des versions plus rock que sur l’album.

Metronomy s’amuse beaucoup sur scène et c’est extrêmement communicatif. Le public est réceptif et Joseph Mount ne manque pas de le remercier. Au milieu du concert, on assiste à un moment particulièrement touchant.

Joseph Mount live 2014 (photo : Anicée Salvador)
Joseph Mount

Après avoir joué un titre, le groupe reçoit un tonnerre d’applaudissements. Alors que les musiciens s’apprêtent à entamer un autre titre, le public entame une seconde salve d’applaudissements improvisée, laissant Metronomy sans voix. Mount est visiblement très ému.

Le concert se termine en triomphe sur le très beau et délicat The Most Immaculate Haircut, en troisième titre après le rappel. Le public espère un second rappel, cela aurait été une première pour la tournée mais ça n’aura malheureusement pas lieu.

On garde un excellent souvenir de ce concert. Pour ma part, je me souviens d’une discussion partagée avec Joseph Mount avant le concert alors que je réalisais son interview. Je lui demandais s’il ressentait une connexion particulière avec la Belgique. Même s’il m’avoue ne pas avoir eu le temps de visiter Bruxelles ou de goûter notre impressionnante carte de bières, il se souvient très bien de ses précédents passages chez nous et du moment où le groupe est passé de la petite à la grande salle du Botanique, quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé.

Ce soir-là, les membres de Metronomy étaient les rois de l’AB et seront peut-être prochainement les rois de Forest National, qui sait ?

Retrouvez mon interview avec Joseph Mount de Metronomy (avril 2014) et les photos du concert ici.

 

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Black Sabbath: de retour en grande forme

Il y a quelques jours, je me suis rendu à Amsterdam au Ziggy Dome pour assister au grand retour de Black Sabbath, impressions…

blacksabbathamsterdam

Amsterdam, jeudi 28 novembre aux alentours de 19h00

Même si le Ziggy Dome n’est pas complètement rempli, on sent que les fans sont très impatients de revoir LE groupe fondateur du metal monter sur la scène du Ziggo Dome.Les fidèles sont là, arborant fièrement leur T-Shirt Sabbath, System of a Down, Rammstein ainsi que des T-shirts représentant le différents grands festivals metal de Hollande et d’Allemagne. Je suis agréablement surpris par la présence assez notable d’un public très jeune (15-20 ans) et, bien sûr, des vétérans de la grande époque de Sabbath.

Un groupe de première partie va nous permettre de pas perdre patience. Il s’agit du groupe britannique Uncle Acid and the Deadbeats, les véritables « enfants » de Black Sabbath. Issu de Cambridge, le quatuor nous propose un son intéressant, très loud, proche de celui de l’album « Master of Reality » avec des compositions assez longues, presque psychédéliques qui – si elles n’égalent pas la qualité des standards de Black Sabbath – sont assez agréables et envoûtantes.

20h30, Black Sabbath arrive sur scène, respectant parfaitement le timing établi. Nous allons nous plonger dans deux heures de metal roots dont le groupe a le secret.

Pour accompagner Ozzy OsbourneTony Iommi et Geezer Butler, on retrouve un certain Tommy Clufetos à la batterie, qui remplace Bill Ward, batteur originel de la formation ,malheureusement absent de cette tournée pour des raisons contractuelles.

Clufetos « assure le job », assez fidèle au jeu de Wardsans affirmer spécialement sa propre personnalité. Iommi et Butler nous impressionnent toujours autant avec ce son unique, véritable marque de fabrique de Sabbath qui pourrait faire rougir toutes autres formations musicales du genre.

Ozzy semble s’amuser comme un petit fou :  quand on le voit déambuler aux côtés d’Iommi et Butler, un grand sourire aux lèvres, on a parfois l’impression qu’il s’agit du gamin de cinq ans fier de montrer sa dernière bêtises à ses parents. Il est en forme, certes, parfois il semble « à côté », mais ce n’est pas une question d’âge, Ozzy a toujours eu une notion particulière de la « justesse » en concert.

Le public prend son pied et Ozzy, en maître des cérémonies, le contrôle à coup de « God Bless You » et de « Hey you’re fuckin crazy ». Il n’oubliera d’ailleurs pas de faire un petit clin d’œil à la libéralisation du cannabis au Pays-Bas avec un petit « You like joint here, I know you fuckin’ well Amsterdam… »

La setlist est impeccable, Sabbath revisitant avec plaisir des classiques tels que « Paranoid », « Iron Man », « War Pigs », « Black Sabbath » ainsi que les excellents « Snowblind », « Children of the Grave » ou encore « Under The Sun », très bonne surprise et, personnellement, mon favori de cette prestation.

« 13 », le très bon dernier album studio de Sabbath, marquant son retour, est aussi ici à l’honneur avec trois extraits dont un « God is Dead » mémorable.

Visuellement, quelques titres sont agrémentés de nouveaux vidéo clips intéressants, notamment celui d' »Under The Sun » avec la participation exclusive de … Benoit XVI…

En bref, une prestation impressionnante qui ne peut que nous faire saliver d’impatience en attendant le concert de Black Sabbath en tête d’affiche du Graspop Metal Meeting 2014 le dimanche 29 juin à Dessel. Be there or be square…

 

Setlist complète d’Amsterdam

War Pigs
Into the Void
Under the Sun/Every Day Comes and Goes
Snowblind
Age of Reason
Black Sabbath
Behind the Wall of Sleep
N.I.B.
(preceded by « Bassically » … more)
End of the Beginning
Fairies Wear Boots
Rat Salad
(followed by Tommy Clufetos drum solo)
Iron Man
God Is Dead?
Dirty Women
Children of the Grave
Encore:
Paranoid

 

 

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Paul McCartney au Sportpaleis d'Anvers, un avant-goût: waiting for Paul …

Ce soir, c’est le grand soir! Paul McCartney sera en concert au Sportpaleis d’Anvers! Voici un petit article « teasing » de ce qui vous attend. Si vous ne souhaitez pas en connaitre plus et avoir la surprise totale, ne lisez pas cette article. Mais si vous êtes curieux – et je sais que vous l’êtes – voici quelques petites informations à propos du concert de ce soir…

Le concert auquel nous allons assister ce soir fait partie du « On The Run Tour », tournée ayant commencé le 15 juillet 2011 à New York, dans l’imposant et célèbre Yankee Stadium. Le premier « leg » de la tournée européenne avait fait escale en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, en Finlande et en Russie fin de l’année 2011. Heureusement, avant de s’envoler pour l’Amérique du Sud, Paul McCartney n’a pas oublié son public belge ainsi que les fans hollandais et suisse qui désespéraient de ne pas le voir sur scène cette année.

Pour accompagner Paul McCartney sur scène, on retrouve les musiciens qui l’accompagnent depuis plus de 10 ans à savoir les guitaristes Rusty Anderson et Brian Ray (Ray, qui lui, officie aussi parfois à basse quand Paul s’empare de la guitare), l’incroyable et imposant batteur Abe Laboriel Jr et Paul Wickens aux claviers (qui est aux côtés de McCartney depuis 1989).

Le second « leg » de la tournée européenne a commencé à Rotterdam le 24 mars. Sara Bassem, 21 ans, grande fan de musique et lectrice de ce blog, nous a proposé ce petit billet. Voici ses impressions:

« Tout d’abord, je n’y crois toujours pas d’avoir vu Paul McCartney en concert. C’était vraiment émouvant d’autant plus que la salle reprenait en cœur presque tout le répertoire.
La setlist était composée de 38 (!) chansons, un show de trois heures (sans pause et avec quelques surprises) bien rempli !
Le concert était constitué d’un mélange soigné de tubes des Beatles, des Wings et de son répertoire solo. Il a également rendu hommage à ses anciens amis John, George et Jimi Hendrix à travers des reprises et des anecdotes bien savoureuses des « sixties ».
Bref, devant une salle comble, Paul McCartney a donné le meilleur de lui-même. Difficile à croire que Sir Paul McCartney va fêter ses 70 ans cette année.
C’était également mon premier concert au Ahoy de Rotterdam et je dois dire que la salle et l’audio était vraiment super ! « 

Si vous combinez ces deux setlists, vous avez un avant-goût de ce à quoi on peut s’attendre ce soir. Allez, c’est dans très bientôt! Rendez-vous sur place en compagnie d’Eric Laforge et bon concert!

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Alice Cooper à l'Ancienne Belgique, ambiance sur scène et backstage (2 novembre 2011)

Alice Cooper a donné une prestation particulièrement réussie mercredi à l’Ancienne Belgique. Tout était bien en place: la guillotine, le boa, la poupée sur « Only Women Bleed », un Frankenstein géant et le sang couleur ketchup… Mais aussi et surtout, un Alice Cooper de 63 ans en pleine forme, revigoré par une nouvelle line-up particulièrement efficace. Ambiance on stage et backstage…

Vers 16h, dans un luxueux hôtel bruxellois, j’ai eu l’occasion de rencontrer pour la seconde fois Alice Cooper. C’était assez émouvant : en plus d’être un fan de la première heure, il est le premier artiste que j’avais eu l’occasion d’interviewer, professionnellement parlant. C’était il y a 8 ans, dans un grand hotel hollandais à l’occasion de l »Arrow Classic Rock Festival ». Je me souviens encore du serrement de coeur éprouvé par mon collègue ingénieur son Damien Praet et moi-même lorsque nous avions ouvert la porte de la chambre d’hôtel, limite un peu angoissés par ce qui nous attendait derrière… Et c’est vrai qu’Alice Cooper nous avait joué le grand jeu, à la manière de la mythique scène de « Wayne’s World » (extrait vidéo du film à voir en fin d’article). Mais, à la 3ème question, quand il a vu qu’il avait un grand connaisseur et fan de sa carrière en face de lui, la glace s’était brisée et tout cela s’était formidablement bien déroulé. L’entretien s’était d’ailleurs terminé sur une franche rigolade…

Revenons en 2011, le 2 novembre, lendemain d’Halloween, comme ça tombe bien! Ma première impression: il n’a pas beaucoup changé en 8 ans. Il est même particulièrement en forme. Nous évoquons ses débuts avec Frank Zappa, son nouvel album, la suite de « Welcome To My Nightmare », la réalisation de l’album « original » de 75 et la création de classiques tels que « Only Women Bleed » ou encore « Black Widow », son amitié avec Freddie Mercury et encore de nombreux autres sujets intéressants que vous pourrez découvrir et écouter sur Classic 21 très bientôt.

Alice et votre serviteur après l'interview dans un luxueux hôtel bruxellois

Ensuite, petite séance de dédicace pour le fan que je suis. Avant de quitter la chambre, Alice m’informe: « Hey, si tu nous a vus il y a 7-8 ans, tu vas être agréablement surpris : mon nouveau groupe est… beaucoup mieux, on est beaucoup plus soudés qu’à l’époque. Et mon batteur actuel, Glen Sobel, on dirait qu’il joue avec 4 mains… »

Je me réjouis d’entendre le résultat… Après une petite pause repas bien sympathique chez des amis fans d’Alice Cooper, nous nous rendons au concert. Mince, il est trop tard pour la première partie – The Treament – de jeunes britanniques très branchés Classic Rock dont j’avais lu beaucoup de bien… Tant pis… Place à la star du soir. Un énorme rideau masque la scène de l’AB. Sur celui-ci , on peut voir un Alice Cooper ‘façon cartoon’ qui n’est pas sans rappeler Freddy Krueger, célèbre tueur de fiction imaginé par Wes Craven et héro de nombreux films d’horreur. Il est 21h, le concert commence à l’heure… Après la ‘cultissime’ introduction de Vincent Price, le rideau se lève et c’est parti!

(photo Jean-Luc Chefneux)

Ca commence fort : le groupe entame « Black Widow », l’un des chefs d’oeuvres extrait de l’album « Welcome To My Nightmare » sorti en 1975. Un titre qui a – sans aucun doute – influencé nombre de musiciens de la scène métal britannique des années 80, Iron Maiden notamment. Les titres du concerts s’enchainent sans un seul temps mort : on se régale sur « I’m Eighteen », « Under My Wheels », « Billion Dollar Babies » et on se délecte d’une excellente surprise, une interprétation irréprochable de « Halo of Flies », probablement l’un des titres le plus « prog » du répertoire d’Alice,  accompagnée d’un intéressant solo de batterie. D’autres tubes sont revisités avec beaucoup de talent : on pense particulièrement à « Only Women Bleed », « Poison » ou encore, classique par excellence, « School’s Out ». Ce titre se voit ici fusionné avec le « Another Brick in the Wall part II » de Pink Floyd.

(photo Cédric Janssens)

Pour le final, « Elected », Alice arbore fièrement le drapeau belge avant de se dévétir quelque peu pour nous montrer sa très belle vareuse aux couleurs de l’équipe belge de football. Chouette clin d’oeil et bonne réaction du public! Quand on parle rock’n’roll, il n’est jamais question de conflit communautaire…

Le boa d'Alice, une des stars de la soirée

A peine le concert terminé, c’est l’heure de l’after party. Rendez-vous derrière le bar avec le sticker adéquat et nous pouvons alors nous engager dans les coulisses de l’AB. Après avoir suivi la ligne rouge dans le labyrinthe « AB-esque », nous rencontrons tout d’abord un des héros de la soirée, le boa d’Alice Cooper, prêté pour l’occasion par un spécialiste brugeois, le « Snake Guy » comme l’appelle l’équipe de Cooper. Ensuite, c’est la file pour aller prendre une photo avec Alice Cooper. On se croirait dans un supermarché à la période de Saint Nicolas. Les deux jeunes gagnants du concours Classic 21 semblent très impressionnés mais surtout ravis d’être là. Alice les reçoit avec un grand sourire et beaucoup de gentillesse. Mitch « Zozo » Duterck, le plus grand fan et spécialiste de Led Zep parmi les auditeurs de C21, est également de la partie tout comme Eric « La France » Laforge que l’on ne présente plus. Arnaud Rey – l’homme qui ne dort jamais – de chez Universal dirige tout ce petit monde backstage et l’ambiance est très sympa. Petit cliché-souvenir en groupe, et voila, c’est presque terminé. Ayant déjà eu l’occasion de rencontrer St-Nicolas… euh Alice Cooper plus tôt pour l’interview et ayant déjà obtenu un cliché en sa compagnie, je me tiens en retrait. Soudain, il me reconnait et m’interpelle: « Alors, qu’as-tu pensé du concert? C’est comme je t’avais dit, mieux qu’il y a 8 ans? ». Je lui réponds que j’ai été agréablement surpris, notamment par l’interprétation surprise de « Halo of Flies ». Il semble satisfait et surtout arbore pendant toute la séance un sourire bienfaisant … parce que oui, s’il incarne le « mal », le « tueur psychopathe »  sur scène, Alice, Vincent Damon Furnier de son vrai nom, est avant tout quelqu’un de profondément « bon ».

Keep on Alice’

Eric Laforge, Mitch Zozo Duterck, votre serviteur, Alice Cooper, les gagnants du concours C21: Sylvain Malter et Mathilde Cornet, Arnaud Rey...
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Paul Personne sur scène et en coulisse

Le concert: (studio Classic 21 le 14 septembre 2011)

Le studio de Mons devient le Marquee Club l’espace d’une soirée…

Hier, dans le studio « live » de Classic 21, on aurait juré être au Marquee Club de Londres, légendaire club dans lequel les Yardbirds, Jimi Hendrix, les Who ou encore les Moody Blues ont fait leur débuts. C’est le guitariste français Paul Personne et son band « A l’ouest » qui ont insufflé cette ambiance 70’s à souhait dans la salle. Pendant l’interview qui a précédé le concert, Paul Personne nous a confié qu’il s’était mis à la guitare après avoir eu la révélation en écoutant l’album « Bluesbreakers with Eric Clapton », l’un des disques majeurs du british blues boom. Et Personne nous a prouvé qu’après  plus de 40 ans de scène,  il était resté fidèle à ses premiers amours. Quelques mots aussi sur ses musiciens : les frères Bellanger (Nicolas à la basse et Anthony à la guitare) et le batteur Brice Allanic. Ces jeunes ‘musicos’ nous évoquent tantôt Creedence Clearwater Revival  – pour l’aspect rouleau compresseur de la section rythmique – et tantôt Derek & The Dominos – les brillants duels de guitares entre Paul Personne et Anthony Bellanger nous rappellent le duo Eric Clapton/Duane Allman. Bref, vous l’aurez compris, le concert de Paul Personne hier était « the place to be » pour tous les amateurs de bonne musique et de rock « roots »…

L’interview:

J’ai eu la chance d’interviewer Paul Personne un peu avant le concert. Interviewer Paul Personne, c’est le pied! C’est tout ce que l’on peut attendre d’une bonne interview: des anecdotes intéressantes, un artiste bourré de talent mais qui garde les pieds sur terre, un type qui reste humble alors qu’il pourrait se permettre de se la jouer…

Parfois, en interview, il y a une véritable complicité qui s’établit entre l’artiste et le journaliste, ce n’est pas systématique mais quand ça se produit, c’est agréable de se retrouver sur la même longueur d’onde. Ca a été le cas hier… En même temps, comment ne pas adhérer au discours d’un musicien intègre qui privilégie l’émotion et l’instant au ‘bidouillage’ du studio…? Pour lui ce qui compte, c’est une production « réelle », « véritable », le virtuel n’a pas beaucoup de place. De plus, quel plaisir de le voir arborer un énorme sourire d’ado quand il évoque Jimi Hendrix, Eric Clapton ou encore les Rolling Stones. Vous pourrez retrouver des extraits de son interview prochainement sur Classic 21. So, stay tuned…

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Quelques notes sur le concert de Roger Waters le vendredi 27 mai à Anvers

Roger Waters – Tournée The Wall 2011 (European leg) – Anvers, le vendredi 27 mai.

Performance particulièrement impressionnante pour Roger Waters et son groupe pour cette première soirée dans un Sportpaleis plein à craquer.

Vers 19h, la salle commence à se remplir, la scène est déjà prête. On y voit des morceaux du mur partiellement érigé, des briques sont disposées à l’arrière-plan, prêtes à servir à l’élever jusqu’à l’isolement total du groupe à la fin de la première partie du spectacle.

L’attente se déroule au son d’une sélection musicale de chansons politiquement engagées réalisée par Roger Waters. Il a choisi méticuleusement des titres de l’histoire du rock, des morceaux qui nous donnent déjà un avant-goût de ce qui est à venir : “Masters of War” de Bob Dylan, “I Shall be Released”, “People Get Ready” de Curtis Mayfield (un des hymnes du  mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis).

Ces morceaux engagés transmettent un message politiquement fort à qui peut l’entendre. Hommage également à John Lennon aussi avec “Mother”et “Imagine”, ce manifeste libertaire.

Lorsque j’avais rencontré Roger Waters en 2006 à Paris, il m’avait confié que le premier album de Lennon, “Plastic Ono Band”, avait été pour lui une véritable puissante source d’inspiration pour le travail qu’il allait réaliser dans les années 70 avec Pink Floyd. Pour mémoire, sur l’album “Plastic Ono Band”, John Lennon évacuait les blessures de jeunesse en hurlant – littéralement – sa douleur, suivant en cela les applications de la thérapie du « cri primal » d’Arthur Janov. Thérapie suivie à cette époque par John Lennon auprès du célèbre thérapeute.

On peut désormais imaginer à quel point cela a influencé des albums comme “The Wall” ou “Final Cut” de Pink Floyd qui sont d’une certaine façon de grandes séances de thérapie musicale pour Waters.

Cependant, le show qui nous attend sera nettement moins personnel qu’à l’époque : il trouve désormais une dimension universelle.

Ce spectacle provoque un grand choc. D’abord émotionnel et ensuite intellectuel. Visuellement très impressionnant,  mais aussi musicalement parlant, du très grand art, avec plus ou moins la même équipe qu’à l’habitude, au sein de laquelle on retrouve les guitaristes Snowy White (qui a joué sur toutes les versions live de The Wall : 80-81/90) et Dave Kilminster, le batteur Graham Broad,  aux claviers Jon Carin (fidèle des carrières solo de Waters ainsi que du Pink Floyd version David Gilmour) et Harry Waters ; quelques nouveaux aussi comme le chanteur Robbie Wycoff qui assure brillamment toutes les parties vocales, originellement chantées par David Gilmour.

De manière prévisible – et Waters l’avait bien précisé en mai 2010 à Londres lors de la conférence de présentation de cette imposante tournée –  la musique est la même que celle de l’album de 79 et de la tournée originale. On évite ici les quelques fautes de goût lors de l’impressionnante  prestation de Waters et de son  groupe à Berlin le 21 juillet 1990, quelques mois après la chute du mur. Ces erreurs étaient heureusement un peu masquées par l’extraordinaire émotion qui régnait alors à cet endroit emblématique du monde.

Mais surtout, et cela fait la qualité de ce nouveau spectacle, c’est l’aspect profondément moderne et contemporain du message que Waters nous propose.

En effet, si la musique n’a pas changé, le visuel lui, a évolué, et s’est mué en un sévère pamphlet moderne, critiquant ouvertement la société de consommation et l’engagement de nombreux pays dans les guerres et les dictatures, proclamées ou non.

Par exemple, cette idée est très bien rendue par l’image de ce monde enfermé et sourd entre les écouteurs d’une célèbre marque de lecteur MP3. Civils, soldats et dictateurs étant tous dessinés assourdis par le fameux casque blanc, emblème des publicités d’une célèbre marque. Son iCreate est transformé ici en iKill ou encore iProfit et l’image de la libération apparaît, lorsqu’une petite fille se décide à retirer son casque et à écouter ce qui se passe réellement autour d’elle, de nous.

Avant de relancer l’aventure “The Wall”, Roger Waters a eu la bonne idée de demander à des fans du monde entier de lui envoyer des photos de personnes disparues pendant la seconde guerre mondiale,  ainsi qu’au cours de toutes les guerres qui ont suivi.

Waters a sélectionné ces images et il nous offre une galerie très digne de portraits, assortis des date de naissance et date du décès, ainsi que le conflit qui les a vu mourir. Hommage est ainsi rendu à cette foule d’humains disparus, non seulement pendant la seconde guerre mondiale et ce des deux camps, mais aussi à une jeune militante iranienne ou encore à des civils innocents et aux journalistes sauvagement et stupidement abattus en Irak par des soldats américains ivres d’en découdre, images révélées par Wikileaks, on s’en souviendra. Waters n’a pas oublié non plus de rendre hommage au jeune Jean-Charles de Menezes, abattu dans le dos par la police britannique parce qu’il courrait dans les couloirs du métro et donc pris pour un terroriste potentiel.

Toutes les illustrations du spectacle sont souvent retravaillées à partir des dessins originaux de l’illustrateur Gérald Scarfe : elles ajoutent indéniablement un petit plus qui renforce considérablement l’oeuvre.

Si The Wall mettait en avant le génie et les souffrances de Roger Waters à l’époque,aujourd’hui l’oeuvre a largement dépassé son créateur.

Waters et ses musiciens apparaissent ici réellement au service de “The Wall”.

The Wall et son message universel, pacifiste, humaniste et dès lors intergénérationnel sera encore joué sur scène dans 50 voire 100 ans.

Is there anybody out there…?

(une des très très nombreuses vidéos réalisées par les fans et disponibles sur Youtube)

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