Wire, le groupe anglais de post-punk, vient de sortir son 12ème album « Red Barked Tree », un album particulièrement inspiré… Petit coup d’oeil…
Le punk ne se limite pas aux Clash et aux Sex Pistols. En effet, après la grande « vague » punk ont débarqué sur le paysage britannique (et américain) de nombreux autres groupes que l’on a qualifié par la suite de « post-punk » ou encore « art-punk ». Ceux-ci n’ont pas hésité à bousculer les barrières du punk (1,2,3,4…) pour développer une musique très intéressante et plus expérimentale.
« Pink Flag », le premier album du groupe Wire, en étonnera plus d’un à sa sortie et est aujourd’hui considéré – à juste titre – comme l’un des albums cultes du rock underground britannique.
Le temps a passé, la musique a changé mais Wire semble rester fidèle à ses racines. « Red Barked Tree » nous le prouve et, si vous n’avez pas peur de franchir – vous-même – quelques frontières musicales, je vous conseille plus que vivement de tenter une petite écoute.
Les britanniques étaient récemment les invités de la radio BBC 6 Music (une référence en Angleterre) dans l’excellent show de Mark Riley, vous pouvez réécouter l’émission ici: Wire, les invités de Mark Riley
Et aussi un petit extrait du dernier album de Wire, rien que pour vous …
Alors qu’en est-il de cette première salve de « remasterisation » du catalogue de Queen? Island rééditera dès ce lundi 10 janvier les deux premiers « Greatest Hits » du célèbre groupe anglais, le petit plus ici c’est que le son a été complètement rénové un peu à la manière du catalogue Beatles qui a subi le même traitement il y a peu. Le résultat? Voici un petit aperçu, en avant-première, dans les lignes qui suivent …
Première chose à signaler à propos du packaging de ces rééditions « Greatest Hits » volume 1 & 2 de Queen, c’est que le design du CD a été quelque peu modernisé. Terminées les vilaines tranches noires sur le côté et les livrets « minimalistes ». On retrouve ici un boîtier de type « jewel box » à bords arrondis (plus modernes) et un livret beaucoup plus complet avec pochette des 45 tours initiaux et petit texte explicatif pour chaque titre.
Mais le principal intérêt ici réside dans le traitement sonore, comme annoncé fièrement sur la première page du livret: « This 2011 version of this album has been meticulously re-created for this debut release on Island Records, using the finest modern analogue and digital technology, from the original first-generation master mixes ». Et en effet, le son a été « retrait » et remasterisé avec soin par une référence du genre, Bob Ludwig, grand « maître » du mastering reconnu pour son travail sur les oeuvres de Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Rolling Stones, Radiohead, Creedence Clearwater Revival, Rush et de nombreux autres.
Et le travail qui a été effectué n’est pas du bluff. Contrairement à ce que l’on à pu lire à certains endroits sur le net, le nouveau mastering n’est pas trop poussif, il redonne certes une dynamique nécessaire à certains titres mais cela est fait avec beaucoup de respect et ne dénature en aucun cas l’oeuvre originale (précisons bien qu’il ne s’agit pas d’un remix).
Pour rappel, c’est Bob Ludwig qui avait déjà été le responsable de la réédition remaster d’A Night At The Opera à l’occasion du 30ème anniversaire du disque en 2005. Cette version était le seul album de Queen (en CD) disponible sur le marché européen et proposant un son de qualité. Les anciens transferts puis remasters de Queen pour l’Europe (sortis respectivement à la fin des années 80 et en 1993) proposaient un son plat, peu fouillé et on sentait que le passage de l’analogique au numérique ne s’était pas fait sans mal. Seules les versions japonaises, « remasterisées » en 2004 rendaient justice au disques originaux. En réaction à cela, de nombreux fans du groupe snobaient le CD pour retourner à leurs bons vieux pressages originaux en 33 tours qui eux proposaient une pèche et un dynamisme nettement plus palpables.
Voici quelques titres qui m’ont particulièrement impressionné (même si cela est totalement subjectif) pour le traitement sonore de ce nouveau remaster 2011 : Another One Bites The Dust, Save Me, Seven Seas of Rhye, We Are The Champions, Crazy Little Thing Called Love, Breakthru, The Miracle, I Want To Break Free.
Voici qui nous annonce de très bonnes choses pour la prochaine salve de sortie qui devrait voir la réédition des 5 premiers albums du groupe d’ici 2 à 3 mois. J’ai déjà entendu parler de bonus très alléchants, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment … Suite au prochain numéro!
Berlin, 21 ans après la chute du Mur, est une ville libre, charmante, passionnante, quelques mots sur une semaine que je ne suis pas prêt d’oublier …
Quand on débarque dans une grande ville, une des plus importantes capitales européennes (Berlin compte plus de 3,4 millions d’habitants), que l’on est en plein cœur du mois de juillet et que le baromètre indique plus de 30 degrés, on se dit : « Mais quelle idée de visiter une grande ville alors que je pourrais être peinard, les pieds en éventail au bord de la mer, en montagne …?! ». Et j’avoue que ma première impression a été celle-là… En vacances, n’a-t-on pas envie – plus que tout – d’éviter les métros, les bus, la pollution et la foule en ville? Me suis-je trompé de destination?
Mais Berlin n’a pas le côté oppressant que l’on peut parfois retrouver à Paris ou encore plus à Londres. L’attitude des habitants est plus cool. Personne n’est pressé et l’ambiance baba, parfois bobo de quartiers comme Prenzlauer Berg ou encore Mitte (tous deux situés dans l’ancienne partie Est de la ville) est parfaitement relaxante, et, quand le soleil est de la partie, Berlin n’a rien à envier aux habituelles destinations méditerranéennes. A Berlin, on se déplace en métro, mais aussi et surtout à pied et à vélo.
Étonnamment, les automobilistes (pas si nombreux que ça) respectent les limites et les usagers faibles, on se sent donc parfaitement à l’aise pour déambuler joyeusement dans les rues et les différents quartiers de la ville. Parce que si Berlin est riche de musées très intéressants (musées du Mur, Story of Berlin, musée de la photographie, musée de la RDA…), on se plait à simplement s’y promener pour apprécier les différentes architectures et ambiances des nombreux quartiers.
Pour prendre le plein d’oxygène, une promenade au Tiergarten – véritable poumon de Berlin – s’impose. On y croise des berlinois et berlinoises de tous styles, de tout âge qui s’y promènent en toute sérénité. On est ému quand on y croise des personnes âgées de plus de 75 ans qui ont parfois dû subir les terreurs du nazisme et l’oppression de l’époque RDA… Berlin est enfin en paix et l’air et l’ambiance zen de ce grand parc nous le confirme.
Mais Berlin, outre l’Histoire, est une ville très musicale qui sera source d’inspiration pour de nombreuses personnalités du rock. L’ombre de David Bowie et d’Iggy Pop plane encore non loin des studios Hansa Tonstudio que les artistes avaient rebaptisés « Hansa by the Wall » puisque de la fenêtre du studio on pouvait voir le mur et les gardes de l’est. Bowie aimait Berlin pour sa vie nocturne, pour cette ‘tension’ palpable mais aussi parce qu’il pouvait passer complètement incognito, les berlinois lui fichaient la paix. Après de nombreuses années sous les feux des projecteurs, Bowie avait besoin de se retrouver et Berlin était son sanctuaire. La « trilogie berlinoise » (composée des albums « Low », « Heroes » et « Lodger ») est un des chapitres les plus importants et passionnants de sa carrière.
Berlin, c’est aussi un réseau de métro (U-Bahn) et d’équivalent de RER (S-Bahn) extrêmement complet. Lorsque vous séjournez à Berlin, il vous arrive régulièrement de prendre la ligne de métro 2 (U2) et l’une des stations importantes (pour les correspondances etc.) est la Zoologischer Garten Station, autrement dit la « Zoo Station« , comme on l’appelle là-bas.
U2? Zoo Station? Ça vous dit quelque chose?
Rappelons que U2 a enregistré l’un des ses meilleurs albums à Berlin – « Achtung Baby » – en compagnie du génial producteur Brian Eno (autre grand fidèle de la ville dans le cadre des ses aventures musicales avec Bowie). Alors est-ce que tout cela est le fruit du hasard? Pas vraiment… Pour la ligne de métro, oui, parce qu’à l’époque à laquelle U2 a enregistré l’album (90-91) la Zoo Station était accessible par la U1 et pas encore par la U2 (ce sera le cas après 1993).
Par contre « Zoo Station« , le titre, mais aussi l’énorme Zoo TV Tour fait bien référence à cette ligne de métro berlinoise. En fait, Bono avait entendu parler d’une histoire qui s’était déroulée à Berlin pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des animaux s’étaient échappés du Zoo suite à un bombardement. Ainsi des rhinocéros, des pélicans ou encore des flamants roses erraient dans les rues de Berlin le lendemain matin. Cette histoire a intrigué Bono et comme, de plus, il a appris qu’une des célèbres stations de métro, celle du Zoologischer Garten (que je vous conseille d’ailleurs) était appelée familièrement « Zoo Station », l’affaire était en poche, le concept du titre de U2 « Zoo Station » (qui ouvre « Achtung Baby ») était en route …
Mais U2 et Bowie ne sont pas les seuls à avoir enregistré au célèbre Hansa Tonstudio, on citera également Nick Cave et Depeche Mode (qui auront, eux aussi, leurs phases « berlinoises »), les allemands de Tangerine Dream, Killing Joke, Marillion ou beaucoup plus récemment Snow Patrol, Supergrass ou encore KT Tunstall.
Bref, tout ceci pour vous dire que oui, j’ai eu le coup de cœur pour Berlin et que, oui, je vous conseille vivement d’aller y faire un tour lors d’un prochain city trip…
Hier, j’ai eu l’occasion de discuter un peu plus d’une heure avec Corine Marienneau, la bassiste du groupe Téléphone. L’interview avait pour but de récolter de la matière pour de futures « Making-of(s) » consacré au groupe Téléphone. Mais cet entretien est rapidement devenu bien plus que cela, en effet, en plus de parler de la réalisation de ces albums devenu mythiques aujourd’hui, Corine m’a parlé de cette aventure humaine incroyable qu’a été d’être la seule femme dans un groupe de 3 hommes, groupe qui était alors au sommet de sa gloire…
L’aventure Téléphone est le fruit du hasard. D’après le témoignage de Corine, Téléphone doit son existence à ce concert tout à fait improvisé que donne le groupe le 12 novembre 1976 au Centre américain de Paris (Boulevard Raspail). En effet ce soir-là, Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka ont un concert prévu, tout est organisé, les affiches ont été collées dans le tout grand Paris mais petit soucis, le guitariste/chanteur et le batteur n’ont plus de musiciens sous la main. Louis Bertignac et sa petite amie Corine Marienneau les dépannent alors en dernière minute. Et ce soir-là, il se passe quelque chose, quelque chose d’inexplicable qui rend ce concert absolument mythique, les musiciens se découvrent et créent ensemble, sur scène, sans vraiment en être conscient, le « son Téléphone« . Impossible de reculer ensuite, la machine est en marche. Corine, qui n’avait absolument aucun rêve de devenir une rock star, se retrouve donc dans une formation qui va s’imposer comme le premier véritable groupe de rock français de l’histoire… Téléphone aurait-il existé sans ce concert? D’après Corine, non, déjà Jean-Louis Aubert n’aurait jamais accepté de fonder un groupe avec une femme, parce que dixit Corine qui cite Jean-Louis :« Les femmes, ça fout le bordel ».
Voila donc Corine lancée sur la route, à l’instar de Tina Weymouth (qu’elle a bien connue) – la bassiste de Talking Heads – en compagnie de 3 « mecs ». Il y aura des hauts et des bas, des grands moments de joie, des déceptions, des éclats de rire, des disputes, des réconciliations et puis le silence, la fin d’un groupe qui a fait rêvé tellement de fans en francophonie… Pouvait-il en être autrement? Probablement pas. Mais si vous voulez connaître l’histoire plus en détails, soyez à l’écoute du Making-of avec Marc Ysaye sur Classic 21 dans les prochaines semaines, nous vous décortiquerons l’histoire de la réalisation de ces grands albums de l’histoire du rock français. Et, si vous voulez encore plus de détails sur l’histoire de Corine et du groupe Téléphone, je ne peux que vous conseiller chaleureusement de lire « Le Fil du temps », l’autobiographie de Corine Marienneau (2006/Flammarion) un livre parfois tendre, parfois dur mais toujours profondément humain…
« Kevin Coyne est le trésor caché de l’Angleterre » (Andy Kershaw, BBC)
Kevin Coyne, auteur-compositeur-interprète anglais, a toujours été un artiste à part. Même s’il ne jouira jamais d’un grand succès commercial, sa musique ne cesse d’être redécouverte par les jeunes générations et a été aussi une énorme source d’inspiration pour des personnages aussi divers que Johnny Rotten des Sex Pistols, notre compatriote Arno, Sting ou encore Peter Hammill (leader de Van Der Graaf Generator). EMI vient de rééditer son second et probablement meilleur album « Marjory Razorblade » (1973) ainsi qu’une très intéressante quadruple compilation/anthologie intitulée « Kevin Coyne: I Want My Crown – The Anthology 1973-1980 ». A cette occasion, revenons en quelques lignes sur la surprenante carrière de cet artiste, culte dans les pays anglo-saxons, mais malheureusement méconnu en francophonie…
Kevin Coyne a eu un parcours curieux. Après avoir suivi des études artistiques, il est chauffeur de bus pendant quelques temps, puis devient assistant social dans un hôpital du Lancashire de 1965 à 1968. Ces 3 ans passés dans ce département psychiatrique dans lequel il s’occupe de drogués et de désaxés vont fortement le marquer. La thématique de ses deux premiers albums solo « Case History » (1972) et l’excellent « Marjory Razorblade »(1973) sera profondément empreinte de ces années de travail social.
Après après évolué quelques années au sein du groupe Siren – un groupe signé sous le label Dandelion Records appartenant alors au célèbre DJ britannique John Peel – Kevin Coyne se fait remarquer par le jeune Richard Branson qui est alors occupé a lancé son propre label Virgin (label qui deviendra ensuite une célèbre mega entreprise d’aviation, de fabrication de colas etc).
Coyne est le second artiste a être signé par Branson, le premier – Mike Oldfield – se fera remarquer en engistrant le mythique « Tubular Bells » en 1973.
Dans la moitié des années 70, dans le groupe de scène de Kevin Coyne, on retrouve un certain Andy Summers, qui ne tardera pas à devenir un superstar au sein du groupe Police quelques années plus tard. Coyne signera une sélection d’excellents albums chez Virgin entre 1972 et 1980. A cette époque, il jouira d’une telle popularité en concert qu’il sera contacté personnellement par Jac Holzman (le fondateur d’Elektra Records, célèbre label ayant notamment signé les Doors) pour rejoindre les Doors suite à la tragique disparition de Jim Morrison. Coyne aura l’intelligence de refuser cette proposition (suicidaire artistiquement parlant – il est impossible de remplacer Morrison). Il le fera non sans humour prétextant alors « vous savez les pantalons en cuir, ce n’est pas trop mon truc ».
Début 80, il quitte Virgin pour le label Cherry Red et continue à sortir de très bon albums. En 1985, il divorce, se libère de sa dépendance à l’alcool et part s’installer à Nüremberg en Allemagne. Après quelques années très discrètes, il revient dans le début des années 90 et est dorénavant accompagné par ses deux fils : Robert et Eugene. Sortiront ensuite une sélection de très bons albums jusqu’à la sortie « Donut City », son 41ème ( ! ) et dernier album. Kevin Coyne nous a quitté le 2 décembre 2004 des suites d’un cancer.
A la fin des années 80, Lou Reed est particulièrement en forme, parfaitement « clean » depuis quelques années, il sort deux oeuvres majeures de sa carrière « New York » et l’album « Songs for Drella », un disque hommage à Andy Warhol sur lequel il travaillera en compagnie de John Cale, son ancien complice du Velvet Underground…
En janvier 89, l’album « New York » est chez les disquaires, l’album est extrêmement bien reçu par les critiques et Lou a même l’occasion de faire un petit hit sur les radios américains grâce à son « Dirty Boulevard ». Le 9 janvier 1989, Lou Reed s’associe à John Cale – ils n’avaient plus joué ensemble depuis 72 – pour proposer une sélection de leur futur album « Songs for Drella » à l’Eglise St Anne de Brooklyn. Ces titres, ils les ont composé ensemble à la mémoire de leur ami et mentor Andy Warhol, disparu un peu moins de deux ans plus tôt (le 22 février 1987). Lou Reed et John Cale ont donc décidé d’enterrer la hache de guerre l’espace de quelques concerts et de l’enregistrement d’un disque dédié à celui qui les a révélé et produit le premier album du Velvet Underground, le célèbre « Velvet Underground & Nico » (souvent appelé l »album à la banane’)
Fin de l’année 89, Reed et Cale donnent d’autres concerts aux Etats-Unis. Cette fois, le répertoire est complet et le résultat est tout simplement brillant. Beaucoup se demande alors comment Cale et Reed arrivent à se supporter malgré les tensions du passé (et connaissant l’attitude exécrable de John Cale – que j’ai pu expérimenter – tout ne devait pas être facile tous les jours). Lors d’un des concerts qu’ils donnent fin 89, ils sont rejoints sur scène par Maureen « Moe » Tucker, la ‘batteuse » du Velvet, avec qui ils interprètent un de leurs classiques « Pale Blue Eyes ».
L’album « Songs for Drella » (de Drella, surnom que son entourage donnait au maître et qui est une combinaison de Dracula et Cinderella – Cendrillon en français) sort le 11 avril 1990. C’est une véritable merveille, la musique parfois douce et parfois torturée retrace avec brio la vie de Warhol. L’émotion de deux musiciens est véritablement palpable sur le disque. A la sortie du disque, John Cale (fidèle à sa réputation) déclare qu’il ne veut plus jamais parler à Lou Reed, ambiance, ambiance… Cependant 2 ans plus tard, en 1992, le Velvet Underground annoncera son grand retour sur scène. Une tournée européenne suivra en 1993.
Quelques grands moment de « Songs for Drella » (sous-titré en français)
Mercredi sortira dans les salles en Belgique un film dont on parle énormément dans la presse: « Serge Gainsbourg: vie héroïque » du réalisateur français Joann Sfarr. J’ai eu l’occasion de le voir en vision presse il y a quelques jours et je pense pouvoir vous annoncer que c’est une véritable réussite. Comme me l’a confié Joann Sfarr lors d’une interview qu’il m’a accordé pour Classic 21 vendredi dernier, de nombreux journalistes lui ont avoué qu’ils sont sortis de la salle en étant « soulagés ».
En effet, beaucoup se sont dits « comment un si jeune réalisateur peut-il oser s’attaquer à un monstre sacré tel que Gainsbourg? ». De plus, les réalisateurs français se lancent assez rarement dans la confection de « biopics » (mis à part quelques rares exceptions comme « La Môme » qui retraçait la carrière d’Edith Piaf) qui sont, généralement, plutôt réservés à la production made in USA. Donc, il y avait ici quelques sérieuses raisons de douter du résultat final. Mais c’était sans compter sur la véritable passion du jeune réalisateur pour Serge Gainsbourg qui est, depuis sa plus tendre enfance, son véritable héros.
En plus de cette passion, Joan Sfarr a également un sérieux flair et a dégoté l’acteur idéal pour incarner Serge Gainsbourg au grand écran. C’est au théâtre qu’il a croisé le chemin d’Eric Elmosnino, un comédien bourré de talent. Elmosnino qui m’a avoué avoir du tout apprendre de Gainsbourg avant de l’incarner dans le film, un atout – selon lui -puisque s’il avait été fan au préalable, il n’aurait probablement jamais osé accepté ce rôle.
Outre un très bon casting (Laetitia Casta est étonnamment brillante dans le rôle de Brigitte Bardot), « Serge Gainsbourg : vie héroïque » est aussi esthétiquement une très grande réussite. Sfarr, dessinateur, a une idée très précise de ce qu’il souhaite et le résultat est bluffant. Même si comme le répète souvent Joann Sfarr, le film se base sur certains célèbres « mensonges de Gainsbourg« , le soucis du détail pour quelques scènes est parfois ‘extrême’ (le réalisateur m’a notamment certifié que des répliques des partitions originales de certains titres ont été délicatement déposées sur les meubles pour certaines scènes, détails que l’on peut à peine distinguer à l’écran).
Et puis, quand on voit le film, on ne peut s’empêcher de remarquer que beaucoup plus de bobine est consacré à Gainsbourg qu’à Gainsbarre. Ainsi le réalisateur ne s’étale pas trop sur les années 80 (la période après reggae – « You’re Under Arrest », « Lemon Incest » etc), une volonté de ce dernier de montrer l’autre visage – plus sensible – de Serge Gainsbourg pour ceux qui ne connaissent que celui qui a brûlé un billet de banque en direct ou qui a insulté Whitney Houston sur le plateau de Michel Drucker. Gainsbourg, c’est bien plus que ça et le film le montre brillamment…
Tout ceci pour vous dire que nous aurons l’occasion d’en parler plus longuement sur Classic 21 dans une dizaine de jours dans l’excellente émission Lunch Around The Clock de l’ami Laforge, séquence spéciale dans laquelle vous pourrez entendre des extraits de ces 3 interviews exclusives (Joann Sfarr, Eric Elmosnino et Gilles Verlant – qui était consultant pour le film).
Bref, n’hésitez pas à vous ruer dans la salle du cinéma la plus proche pour voir ce film qui plaira aussi bien aux fans de Gainsbourg qu’à ceux qui souhaitent le découvrir…
Serge Gainsbourg: vie héroïque sort en salle le mercredi 27 janvier
Joan Sfarr a déjà une sérieuse réputation dans le monde de la bande dessinée en France, son oeuvre la plus célèbre, le « Chat du rabbin », devrait être également portée à l’écran prochainement.
En 1980, Tina Weymouth et son mari Chris Frantz – respectivement bassiste et batteur de Talking Heads – profitent d’une petit pause au sein du groupe pour lancer leur propre formation: Tom Tom Club. Pour les accompagner dans ces nouvelles aventures musicale, Chris et Tina s’adjoignent les services d’Adrien Belew (collaborateur de David Bowie, Frank Zappa, Talking Heads et futur membre de King Crimson).
Ce premier album est enregistré au Compass Point Studios, célèbre studio situé à Nassau aux Bahamas qui verra le passage des Rolling Stones, de Dire Straits, Roxy Music, ELO ou encore R.E.M. « Tom Tom Club » mélange sonorité pop/rock (on sent la pate de la section rythmique de Talking Heads), dance et ambiance « musique des iles ». Grâce aux singles « Wordy Rappinghood« , « Genius of Love » et le cultissime « Under The Boardwalk » (reprise d’un classique des Drifters sorti en 64) – qui triomphent dans les boites à l’époque – « Tom Tom Club » est un grand succès à sa sortie.
A l’occasion des 50 ans du label Island, Universal vient de rééditer une très belle version deluxe de cet album, vous trouverez le tracklist complet de cette réédition à la suite de cet article.
J’aurai probablement l’occasion de discuter prochainement de cette réédition avec Tina Weymouth et nous aurons l’occasion d’en reparler sur Classic 21. On précisera que Tina Weymouth est une des premières bassistes de l’histoire du rock et qu’elle sera, à l’époque, amie avec une autre bassiste très connue: Corinne du groupe Téléphone. Weymouth sera aussi l’un des modèles de Catherine Ringer (des Rita Mitsouko) au début de sa carrière.
Tina, toujours dans le coup, a récemment collaboré au projet Gorillaz mené par Damon Albarn de Blur.
Qui se cache derrière ce nom « Heaven & Hell »? Black Sabbath bien évidemment, mais non pas le Black Sabbath dirigé par mister Ozzy Osbourne mais bien le Black Sabbath qui avait sorti les excellents albums « Heaven & Hell » & « Mob Rules » dans le début des années 80. C’est donc Ronnie James Dio qui occupe la place centrale ici. Les fidèles Tony Iommi (guitare) et Geezer Buttler (basse) assurent habilement la filiation du son « classique Sabbath » et l’excellent Vinny Appice (le jeune frère du non moins excellent Carmine Appice) est à la batterie.
« The Devil You Know », le nouvel album du groupe, sortira le 11 mai et, l’ayant écouté déjà à de nombreuses reprises, je peux vous assurer qu’il s’agit d’un très bon cru.Ceux qui ont aimé les albums « Heaven & Hell » (1980), « Mob Rules » (1981) et « Dehumanizer » (1992) ne pourront qu’être comblé.Les riffs de Tony Iommi sont plus inspirés que jamais, Ronnie James Dio est particulièrement en forme et la section rythmique assure comme un véritable bulldozer prêt à tout écraser sur son passage. Bref, si les albums de Dio (en solo) sont toujours de très bonne qualité, on est très heureux ici de retrouver l’équipe de Sabbath réunie pour un album qui devrait faire du bruit dans le milieu des amateurs de metal.
Heaven & Hell, au grand complet, sera au Graspop Festival ce vendredi 26 juin à Dessel et l’album « The Devil You Know » sortira le 11 mai chez RoadRunner Records.
Cela faisait très longtemps qu’on attendait et c’est enfin arrivé, EMI a décidé de nous sortir une version CD correcte de l’excellent « Stormbringer » de Deep Purple. La précédente édition CD – sortie dans les années 90 et non « remasterisée » – proposait un son très plat, un souffle important et était très loin d’égaler la qualité d’une bonne vieille version 33 tours de l’album. Cette réédition ‘ »remaster » dispose d’un son nettement plus dynamique, plus profond et surtout avec beaucoup plus de relief. Nous pouvons dorénavant profiter sur nos platines numériques de ce très bon cru de Deep Purple sorti en 1974 dans de bonnes conditions.
« Stormbringer » n’est certes pas le plus célèbre album de la formation britannique mais il n’en reste non moins excellent.
Nous sommes en 1974 et le visage de Deep Purple a bien changé en quelques années, si Jon Lord (claviers), Ian Paice (batterie) et Ritchie Blackmore sont toujours de la partie, c’est David Coverdale (chant) et Glenn Hughes (basse et chant) qui ont repris la place de Ian Gillan et Roger Glover depuis un peu plus d’un an (respectivement ex-chanteur et bassiste de DP).
Si Coverdale et Hughes étaient restés encore relativement discrets sur « Burn » – l’album précédent et premier du groupe sur lequel ils apparaissent – leur présence est ici beaucoup plus marquée. Glenn Hughes est très impliqué dans l’enregistrement de l’album, sa voix est beaucoup plus présente que sur « Burn » et ses influences soul et funky se ressentent ici très fort. Glenn Hughes chante ainsi seul sur « Holy Man », un très bon titre, qui, même s’il pourrait perturber les fans de Deep Purple époque « Smoke on the Water », reste une réussite totale. Sur la plupart des titres de l’album, les voix de Glenn Hughes et de David Coverdale s’accordent à merveille (« Hold On », « High Ball Shooter » et « Gypsy » illustrent très bien cette véritable symbiose)
La plage titulaire de l’album (« Stormbringer ») s’inscrit directement comme un grand classique de Deep Purple et l’album se conclut sur un duo Blackmore/Coverdale particulièrement réussi, « Soldier of Fortune », dans lequel – chose alors très rare à l’époque – Ritchie Blackmore nous démontre ses talents à la guitare acoustique.
Très belle nouvelle donc que cette réédition sortie il y a quelques semaines et, cerise sur le gateau, nous vous proposerons bientôt avec Marc Ysaye un « Making-of » consacré à cet album…